La Turquie expédiera de 1.200 « djihadistes de Daesh » dans leurs pays d’origine

Le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, a annoncé lundi 4 novembre que la Turquie renverrait les membres du groupe terroriste Daesh actuellement dans les prisons turques dans leurs pays d’origine, même s’ils ont été déchus de leur nationalité. Les pays européens sont peu enclins à récupérer leurs ressortissants, notamment pour des raisons sécuritaires.

La Turquie a affirmé  lundi qu’elle renverrait les djihadistes de Daesh actuellement détenus dans ses prisons dans leurs pays d’origine, « que ces derniers leur retirent leur nationalité ou pas », a déclaré le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu, lors d’une allocution à Ankara.

La Turquie ne veut pas être un « hôtel » pour djihadistes

Le ministre, qui avait déclaré samedi que la Turquie n’était « pas un hôtel pour djihadistes », s’en est pris aux pays qui déchoient de leur nationalité leurs ressortissants ayant rejoint Daesh, une mesure destinée à rendre impossible leur retour.

« Ils ont mis en place une nouvelle méthode. Ils disent: ‘Retirons-leur la nationalité (…) Qu’ils soient jugés là où ils se trouvent’. J’imagine que cela doit être une nouvelle règle du droit international », a déclaré Süleyman Soylu sur le ton de l’ironie, qualifiant ce procédé d' »inacceptable ».

Le ministre turc a indiqué que près de 1.200 « combattants étrangers » du groupe terroriste Daesh, dont vraisemblablement des tunisiens et des Occidentaux, étaient actuellement détenus par la Turquie. Selon lui, les forces turques ont par ailleurs mis la main sur 287 membres ou proches de membres de Daesh dans le cadre de l’offensive lancée le mois dernier par Ankara contre une milice kurde dans le nord-est de la Syrie. Le processus de renvoi par la Turquie d’une personne dans un pays dont elle n’aurait techniquement plus la nationalité reste cependant peu clair.

Des pays peu enclins à récupérer leurs ressortissants

Ankara appelle régulièrement les pays européens à reprendre leurs ressortissants qui ont intégré les rangs de Daesh en Syrie, mais ceux-ci sont peu enclins à les récupérer, notamment pour des raisons sécuritaires et d’impopularité d’une telle mesure.

Plusieurs textes, comme la Convention de New York de 1961, interdisent aux pays signataires de rendre une personne apatride, c’est-à-dire sans nationalité. Mais certains pays, comme la Grande-Bretagne et la France, ont néanmoins déchu de leur nationalité plusieurs de leurs ressortissants binationaux. En août, Londres a ainsi retiré son passeport à Jack Letts, surnommé « Jihadi Jack », qui avait jusque-là la double nationalité britanno-canadienne. Et fin octobre, Paris a retiré la nationalité française à un Franco-marocain, Fayçal Aït Messoud, qui avait tenté de rejoindre la Syrie.