La Turquie claque la porte de la conférence sur la Libye

La Turquie qui soutient les frères musulmans est « profondément déçue » d’avoir été tenue à l’écart d’une réunion ce mardi matin à Palerme en marge de la conférence sur la Libye, a annoncé avoir quitté cette conférence.

La Turquie, qui était exclue de cette dernière, a alors choisi de quitter la conférence, se disant « profondément déçue ». « Toute réunion qui exclut la Turquie ne peut être que contre-productive pour la solution du problème », a déclaré dans un communiqué le vice-président turc Fuat Oktay, dont le pays joue pourtant un rôle clé dans la crise libyenne.

Prise d’otage

« Malheureusement, la communauté internationale n’a pas été capable de s’unir ce matin », a encore regretté Ankara. La Turquie a également déploré que certains pays, qu’elle n’a pas nommés, « continuent à prendre en otage le processus (politique en Libye) au nom de leurs propres intérêts ».

La Turquie entretient des rapports très difficiles avec l’Egypte, l’un des principaux soutiens du maréchal Haftar.

« Chaque pays est en droit d’avoir ses propres ambitions en Libye, mais chacun doit admettre que la concrétisation de ces ambitions requiert d’abord une Libye en paix, dans la préservation de son unité et de son intégrité », a rappelé le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia au cours de la réunion informelle du matin.

« Le rôle de la communauté internationale est de soutenir un règlement en Libye, sans parti pris », a dit de son côté à Palerme le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, cité au Caire par un porte-parole.

« Nous n’avons pas, je veux être clair, jamais eu la prétention de fournir, à travers cette conférence, la +solution+ à la crise libyenne », a reconnu mardi, au cours de l’unique session plénière, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

Pour autant, M. Conte et l’émissaire des Nations unies en Libye Ghassan Salamé veulent croire à l’utilité de ce rendez-vous, qui fait suite à la conférence de Paris sur la Libye en mai dernier.

A l’occasion d’une conférence de presse, M. Salamé s’est dit « rassuré » sur l’engagement des Libyens en vue d’un règlement de la crise libyenne et notamment sur leur soutien à la « conférence nationale » qu’il entend convoquer pour le printemps prochain. L’organisation de cette conférence nationale a été « rendue plus facile » aujourd’hui, a-t-il estimé, grâce au « soutien unanime » des différentes parties libyennes et à « l’engagement clair des Libyens à y participer ».

« Les Nations unies doivent rester l’étoile polaire du processus de stabilisation de la Libye », a quant à lui rappelé M. Conte.

Le départ fracassant de la Turquie a en tout permis d’éclipser les frictions passées entre la France et l’Italie sur le dossier libyen, aujourd’hui « dépassées », selon des déclarations de M. Salamé lundi au quotidien arabe Al Ahram, reproduites par les médias italiens.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, présent à Palerme, est resté très discret et a quitté la Sicile mardi sans faire de déclarations. Le quai d’Orsay avait toutefois dit lundi « souhaiter le succès de cette conférence ».

La Tunisie rapproche les opinions 

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a pris part, ce mardi 13 novembre 2018, à une réunion préliminaire restreinte précédant la tenue de la Conférence sur la Libye.

La rencontre a été présidée par le Premier ministre italien, Giuseppe Conte et en présence du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le chef du gouvernement libyen d’union nationale, Fayez Al Sarraj, le maréchal libyen Khalifa Haftar, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, le président du Conseil européen, Donald Tusk et l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassen Salama.

Cette conférence sur la Libye vise à rapprocher les points de vue dans le cadre d’une «approche inclusive» en vue de stabiliser le pays et à «identifier les étapes d’un processus de stabilisation». L’objectif étant d’aboutir à «une solution commune, même s’il y a des différences d’opinion entre les différentes parties», avait expliqué le ministre italien des Affaires étrangères Enzo Moavero Milanesi.

Avec agences