La France assure que ses missiles étaient hors d’usage et n’étaient «pas entre des mains libyennes».

Sommée par le gouvernement Sarraj de s’expliquer de façon «urgente» après la découverte d’armes lui appartenant dans une base du maréchal Haftar, la France a assuré que ses missiles étaient hors d’usage et n’étaient «pas entre des mains libyennes».

«Les propos que l’on peut lire ici ou là sur le fait que ces missiles étaient entre les mains libyennes sont des propos tout à fait faux, ce n’était pas le cas» : dans une interview accordée à France info le 12 juillet, la ministre française des Armées Florence Parly a tenté de désamorcer la crise qui se fait jour entre Paris et Tripoli, suite à la découverte de missiles appartenant à la France sur une base du maréchal Haftar.

Mais la défense de la ministre paraît pour le moins confuse, Florence Parly n’ayant pas expliqué pourquoi il était «faux» d’affirmer que les missiles étaient «entre les mains libyennes», alors que les milices du gouvernement Sarraj  soutiennent qu’ils ont été retrouvés dans un QG du maréchal Haftar.

«Ils n’ont jamais été transférés à quiconque, ils n’avaient qu’un seul usage prévu, c’était de contribuer à la protection d’éléments français qui faisaient du renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme», a-t-elle fait valoir, esquissant un peu plus clairement l’argument de Paris. «Ces missiles ont été mis hors d’usage, il étaient donc stockés dans un endroit qui était destiné à permettre leur destruction. […] Pour des raisons qui tiennent aux événements qui se déroulent en Libye, ces missiles n’ont pas pu être détruits à temps», s’est ainsi justifiée la ministre française.

Tripoli veut connaître le quantités d’armes fournies par Paris au maréchal Haftar

Pas sûr pour autant que cette explication ne convainque le gouvernement d’union nationale libyen, dont le ministre Affaires étrangères Mohamad Tahar Siala avait adressé une lettre à son homologue Jean-Yves Le Drian, lui demandant «d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan [étaient] parvenues aux forces de Haftar, quand ont-elles été livrées et comment?».

Dans sa lettre, Mohamad Tahar Siala souhaitait en outre connaître «les quantités d’armes» qu’aurait fournies la France au maréchal Haftar, dont «l’existence [en Libye] contredit les déclarations du gouvernement français […] de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement».

Le mois dernier, des armes ont été retrouvées et récupérées par les forces du gouvernement libyen, soutenues par les Nations unies, lors d’un raid dans un camp de rebelles du maréchal Haftar, situé à Gharyan, une ville au sud de Tripoli. Or, révèle le New York Times, parmi ces armes se trouvaient quatre missiles antichars Javelin, des armes américaines. La France a admis le 10 juillet que ces missiles lui appartenaient, tout en réfutant les avoir fournis au maréchal Haftar.

Depuis le début du conflit, la position de la France vis-à-vis du maréchal Haftar est ambigüe. Paris reconnaît lui avoir apporté du renseignement dans l’Est et le Sud du pays dans la cadre de la lutte contre antiterroriste, mais réfute tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli.