Kanit Hafedh Zadit Slim : كانِتْ حافظ ، زادِتْ سليم

Ils croient que l’argent fait la politique. Il suffit d’avoir des gens influents dans les régions qui peuvent faire pression sur leur entourage, quelques journalistes, des figures qui peuvent polémiquer à la télévision, des locaux ou on organise des réunions avec des gens ramassés dans les cafés, et des individus prêts à figurer sur des listes électorales sans poser trop de questions. Les gros bonnets se chargeront du reste, les relations avec les partis, l’ étranger et les alliances.

Hafedh et Slim pensent que la politique n’est pas un idéal, un projet de société, des choix économiques, culturels, écologiques. Ils laissent ça pour les idéalistes, l’essentiel c’est comment fabriquer une machine, comment défendre les intérêts de ceux qui vont fournir l’énergie pour cette machine.

Ils pensent que les tunisiens sont une proie facile, ils applaudissent sans savoir pourquoi, on peut les amasser dans des grandes salles de réunions pour écouter des discours sans se soucier du contenu. Le jour des élections on les ramènera aux bureaux de vote dans des camions pour voter. On aura des observateurs dans tous les bureaux qui resteront toute la journée, ils auront des bouteilles d’eau, des sandwiches des cigarettes et autres choses.

Pour Hafedh et Slim c’est la politique du plus fort, et ils se sentent très forts. En face des discours, de beaux parleurs, de vieux routiers qui refusent de mordre à l’hameçon. Ils feront de l’animation, auront quelques députés qui crieront leur colère et qui prouveront qu’on est en démocratie. Ils ne sont pas une menace, au contraire.

La question est comment fausser les calculs de Hafedh et Slim, comment montrer que les tunisiens sont peut être plus intelligents qu’ils ne le croient, qu’ils voteront selon leur conscience et non au plus offrant. Tout dépendra de l’offre. Il leur faudra peut être une offre moins « méprisante », nauséabonde, plus respectable, plus propre que celle de Hafedh et Slim. L’histoire a montré que les tunisiens peuvent être au rendez vous d’un avenir meilleur.

Tahar Labbassi