Je suis en retraite et je vais faire la grève

Depuis 2011 , j’ai pris mes distances avec l’UGTT pour son rôle dans le coup d’Etat du 14 janvier 2011 fomenté depuis 2005 pour imposer les frères musulmans au pouvoir dans les pays arabes en général et la Tunisie en particulier. Au départ de Ben Ali, les frères musulmans n’étaient pas organisés pour la prise du pouvoir. Il a fallu semer le chaos pour éviter que toute autre solution ne court-circuite la solution frériste d’Ennahdha. Le chaos l’Ugtt s’en était occupé. L’UGTT , manipulée par les « gauchistes » a refusé le gouvernement d’union nationale de Mohamed Ghannouchi pour engager avec d’autres et les islamistes d’ennahdha les mouvements de la kasbah I et II qui ont abouti à l’amnistie générale et ses conséquences désastreuses et à la constituante et sa constitution salafiste et au gouvernement de Troïka et ses déboires au niveau économique et social et au niveau de la montée du terrorisme.
Au Bardo, en août 2013, alors qu’Ennahdha était au tapis et que la constituante allait être dissoute Abbassi , alors secrétaire général de la centrale syndicale , a pesé de tout son poids pour engager le dialogue national et repêcher ainsi les frères musulmans qui se sont repositionnés sur l’échiquier politique pour finir partenaire dans le gouvernement Essid après le refus du front populaire et d’autres mouvances d’entrer en coalition avec Nida Tounes. Jusque là, l’UGTT était fidèle à la stratégie américaine pro islamiste. Le prix Nobel, c’était le bonbon donné en récompense par l’instituteur à l’élève qui a bien appris sa récitation.
Puis, l’UGTT a paralysé le gouvernement Essid qui s’est trouvé comme Ali Ibn Abi Taleb, confronté à des conflits de toutes parts et récurrents. Ali fut assassiné et Essid limogé au profit d’un chérubin qui a aggravé la crise à Nida Tounes, augmenté l’endettement du pays et la crise économique et sociale, mis le pays sous le dictât du FMI et se prépare à vendre le pays au rabais.
Pour toutes ces raisons et d’autres, j’ai fait le réquisitoire de l’UGTT dans mon livre « MESKIIINA BLEDI OU CHRONIQUES DES ANNEES d’amertume » mis en vente octobre 2017.
Aujourd’hui, la donne a changé. L’UGTT dénonce le dictât du FMI, l’intention de Yousef Chahed Khaznadar de signer le traité du protectorat dans le cadre de l’ALECA (Accords de libre échange continu et approfondi), le laxisme du gouvernement dans la lutte contre la contrebande et le marché parallèle qui contrôlent plus de 50% de l’économie du pays, sa légèreté dans le traitement du dossier de l’assassinat de Bélaïd et de Brahmi. Un laxisme évident qui ne permet pas d’établir officiellement le lien d’Ennahdha avec le terrorisme. Surtout l’UGTT est en train de défendre le pouvoir d’achat du citoyen qui se rétrécit comme on n’en a jamais vu . En s’opposant à Youssef Khaznadar, l’UGTT s’oppose à son gouvernent soutenu par les islamistes nahdhaouis, dont il n’est que le serviteur. Pour toutes ces raisons, je suis avec l’UGTT dans la grève qu’elle a décrétée.
Par ailleurs quand l’œuf est à prix d’or, et que le lait se vend à compte goutte, que la pension de retraite n’est plus garantie, et que ma santé est menacée par Yousef Malthus, ce n’est pas avec une petite grève que je me solidarise, mais avec une révolution qui mettrait Yousef Khaznadar et le vassal du Sultan Ottoman hors d’état de nuire. Demain, 22 novembre 2018, je serais devant le siège de L’UGTT, et s’il y aurait quelques bombes lacrymogènes elles auront l’effet du déodorant sur moi.

Mounir Chebil