Israël : Monstre manifestation contre l’Etat-nation du peuple juif

Les Arabes israéliens défilent par dizaines de milliers contre la loi sur « l’État-nation du peuple juif »

Après la manifestation des Druzes le 4 août dernier, c’est au tour des Arabes israéliens de se réunir pour protester à Tel Aviv contre la loi définissant Israël comme «l’Etat-nation du peuple juif».

Des dizaines de milliers d’Arabes israéliens – au moins 30 000 d’après les organisateurs – se sont réunis ce 11 août à Tel Aviv pour manifester contre la loi définissant Israël comme «l’Etat-nation du peuple juif», adoptée le 19 juillet dernier par la Knesset.

A l’initiative de l’organisation «The Higher Arab Monitoring Commitee» [haut comité de suivi des arabes israéliens], les manifestants se sont rassemblés sur la place Yitzhak Rabin pour défiler jusqu’au musée de Tel Aviv.

Aux cris de «Non à la loi sur l’Etat-nation, oui à l’égalité» ou encore «justice et égalité maintenant», les Arabes israéliens ont marché aux côtés de certains Juifs israéliens, eux aussi opposés à cette loi qui rappellerait, selon eux, «l’apartheid». Les Arabes israéliens et les Druzes – qui ont manifesté le 4 août dernier – craignent notamment que cette loi fasse d’eux des citoyens de seconde zone.

« Légalisation de la discrimination »

Après s’être rassemblés sur la place Yitzhak Rabin, les manifestants se sont rendus sur l’esplanade du musée d’Art de Tel-Aviv. « Il s’agit d’une loi raciste qui rappelle l’Apartheid en Afrique du Sud », a déclaré à l’AFP Mohammad Barake, qui préside le Haut comité de suivi des Arabes israéliens. Cette organisation a présenté un des cinq appels contre cette loi devant la Cour suprême.

Amos Shoken, le patron du quotidien d’opposition israélienne Haaretz présent à la manifestation, a appelé les Arabes israéliens « à ne pas désespérer pour ne pas faire de cadeau à la droite extrémiste » et à « continuer à se mobiliser contre un texte qui légalise la discrimination ».

Des drapeaux palestiniens ont été remarqués dans la foule, et ce bien que les organisateurs de la manifestation aient demandé aux participants de ne pas le faire, notamment pour ne pas dissuader les Juifs israéliens venus marcher à leurs côtés en signe de solidarité.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a vivement réagi dans la soirée sur Twitter, en postant une vidéo des manifestants agitant des drapeaux palestiniens, accompagnée de ce commentaire : «Il n’y a pas de meilleure preuve de la nécessité de la loi contre l’Etat-nation. Nous continuerons à brandir le drapeau israélien et à chanter l’Hatikvah [l’hymne national israélien] avec une grande fierté».

Adoptée par une courte majorité (62 voix contre 55), la loi a été défendue becs et ongles par le Premier ministre Benjamin Netayahou. «C’est un moment décisif dans l’histoire de l’Etat d’Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau», s’était-il félicité à l’issue du vote.

La loi stipule entre autres que «l’Etat considère que le développement des implantations juives relève de l’intérêt national et que l’Etat prendra les mesures pour encourager, promouvoir et servir cet intérêt».

Dans sa version précédente, le projet de loi laissait la voie ouverte à la création de localités exclusivement réservées aux Juifs, excluant de facto, les Arabes israéliens qui constituent 17,5% de la population totale israélienne, très majoritairement juive. Elle avait alors suscité une levée de boucliers, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l’Union européenne en Israël.

Depuis son adoption, cinq appels ont été déposés contre la loi devant la Cour suprême.

Source : RT et agences