Israël devient « Etat nation juif » raciste

Le Parlement israélien a adopté ce jeudi un projet de loi définissant Israël comme «l’Etat-nation du peuple juif», dont un article controversé qui prévoyait de réserver de nouvelles localités à des juifs a été amendé

Le projet de loi très controversé, qui définit Israël comme «Etat nation juif» et impose l’hébreu comme langue nationale, a été adopté à la Knesset ce jeudi 19 juillet. La mesure créant de nouvelles localités 100% juives a toutefois été écartée.

Le Parlement israélien a adopté ce 19 juillet un projet de loi définissant Israël comme «l’Etat-nation du peuple juif». Un article qui prévoyait de réserver de nouvelles localités à des juifs a cependant été amendé.

Ce texte, adopté par 62 voix contre 55 stipule notamment que l’hébreu devient la seule langue officielle d’Israël, alors que l’arabe avait auparavant un statut identique à celui de l’hébreu, et déclare que les «implantations juives [en Israël] relèvent de l’intérêt national». Aucune loi n’ayant été votée à ce sujet depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, l’hébreu et l’arabe étaient en effet jusqu’à présent toutes les deux considérées comme des langues quasi-officielles, utilisées dans tous les documents étatiques.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’est félicité de ce vote : «C’est un moment décisif dans l’histoire de l’Etat d’Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau.»

Dans la loi est également désormais inscrit que «l’Etat considère que le développement des implantations juives relève de l’intérêt national et que l’Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt».

Dans la précédente version, le projet de loi évoquait la possibilité de créer des localités exclusivement réservées aux juifs, ce qui en excluait de fait les citoyens arabes israéliens qui constituent 17,5% de la population totale israélienne, très majoritairement juive.

Cette formulation avait suscité une vague de critiques, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l’Union européenne en Israël en raison de son caractère jugé discriminatoire et raciste .

La nouvelle formule plus vague a toutefois été dénoncée par l’opposition notamment par le député arabe Ayman Odeh qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer «la mort de notre démocratie».

Le texte voté entre dans la catégorie des lois fondamentales, qui font office de Constitution en Israël.

Si ce vote suscite controverses et polémiques au sein de la classe politique israélienne, c’est parce que les partis d’opposition dénoncent un texte contraire aux principes démocratiques fondateurs de l’Etat d’Israël.

La formation arabe de la Knesset qualifie même ce projet de raciste.Les points de discorde concernent l’absence des principes d’égalité et de démocratie alors que la loi met en revanche l’identité juive de l’Etat d’Israël en avant.

Un autre député arabe, Youssef Jabareen, a affirmé que cette loi encourageait « non seulement la discrimination, mais aussi le racisme, elle va perpétuer le statut d’infériorité des Arabes en Israël », l’Etat hébreu agissant comme « un mouvement juif et colonial, qui poursuit la judéisation de la terre et continue à voler les droits de ses propriétaires ».

La députée d’opposition travailliste, Shelly Yachimovich, a elle aussi affirmé à la radio militaire qu’il s’agissait d’une loi « raciste ».

Cette loi est « dangereuse et raciste par excellence », a fustigé le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Arekat sur son compte Twitter, affirmant qu’elle légalisait « officiellement l’apartheid ».

Selon lui, le texte « dénie aux citoyens arabes leur droit à l’autodétermination ».

D’après la législation, Jérusalem est considérée comme la capitale indivisible du pays, l’hébreu devient la seule langue officielle de l’Etat hébreu alors que l’arabe obtient un statut spécial qui devra fait l’objet d’une loi particulière.Un paragraphe considéré discriminatoire par la formation de la liste arabe unifiée.

« J’annonce avec choc et tristesse la mort de la démocratie », a fustigé l’un de ses députés, Ahmed Tibi.

Avec agences