Irak : la répression renforce la contestation

Des centaines d’Irakiens ( plus que 300 ) ont été tués en un mois de manifestations contre le régime. La colère gagne le sud du pays.

En Irak, le peuple affirme qu’il a pris le pouvoir. Des manifestants ont instauré des barrages routiers dans la capitale, Bagdad, et la contestation, lancée il y a près d’un mois, a gagné le sud du pays. Avec de nouvelles victimes dans les rangs des manifestants. depuis lundi 4 novembre, les forces de sécurité tirent à balles réelles sur les contestataires à Bagdad.

Des contestataires qui ont installé des blocs de ciment pour bloquer le passage aux abords de la place Tahrir de la capitale. Mouhamed Abbas fait partie des Irakiens en colère contre les autorités. « Nous allons bloquer toutes les routes et tant qu’on n’aura pas de vrai pays, rien ne pourra fonctionner » », explique-t-il.

Les contestataires réclament un changement profond du système politique mis en place en 2003, au moment de l’invasion américaine. Un système destiné à venir à bout de la dictature de Saddam Hussein mais gangréné par la corruption et le chômage et où les services publics ne sont plus qu’un lointain souvenir.

Ahmed Adel, chauffeur de tuk-tuk, ces petits véhicules à trois roues qui sillonnent Bagdad et sa banlieue, raconte sa situation. « J’ai 20 ans et je n’ai pas de travail. C’est pour ça que je suis devenu chauffeur de tuk-tuk. A l’étranger, les jeunes peuvent aller à l’école et étudier mais ici, quand tu as fini tes études, tu restes à la maison, au chômage. »

Des milliers de blessés ( plus que 8000 mille ) et des dizaines de manifestants ont été tués dans la répression du mouvement, ces dernières semaines.

Les chauffeurs de tuk-tuk vont portent secours aux blessés lors des heurts avec la police. Souvent, ils sont en première ligne quand les forces de l’ordre tirent sur les manifestants. « J’ai vu un homme à moto touché par la police. Un chauffeur de tuk-tuk est accouru pour lui venir en aide. La police lui a tiré dessus avec des grenades lacrymogènes, dans la tête. Sa cervelle sortait de son crâne, il est mort. On a essayé de le sauver, en vain », raconte Ahmed.

A Kerbala, dans le sud du pays, des manifestants ont tenté de prendre d’assaut le consulat iranien. Là encore, la police a tiré à balles réelles et tué plusieurs personnes. Les autorités ont cessé de publier le décompte exact des morts dans les heurts. Mais ils sont déjà plus de 250 à travers le pays.

Le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi, en place depuis près d’un an, refuse de démissionner. Mais il a promis de remanier son cabinet. La violence de la riposte des autorités renforce la détermination des manifestants. Dans plusieurs villes du pays, des banderoles ont été accrochées sur les façades de bâtiments publics et d’administration : « fermé sur ordre du peuple ».