Pour des raisons humanitaires, la CJI ordonne à Washington de suspendre des sanctions contre Téhéran

La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné , mercredi 3 octobre , aux États-Unis de suspendre certaines sanctions contre l’Iran « à des fins humanitaires », un rappel à l’ordre aussitôt minimisé par Washington, qui a contre-attaqué en mettant fin à un vieux « traité d’amitié » avec Téhéran.

La portée de la décision de la CIJ a immédiatement donné lieu à une bataille entre les deux camps.

À Téhéran, elle a été accueillie par le ministère des Affaires étrangères comme une « victoire » et « un nouveau signe confirmant clairement que la République islamique d’Iran est dans son droit ».

À Washington, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a au contraire estimé qu’il s’agissait d’une « défaite pour l’Iran », car, a-t-il soutenu , les États-Unis veillent déjà à ce que les biens humanitaires soient épargnés. La juridiction de La Haye « a rejeté à juste titre toutes les requêtes sans fondement de l’Iran » pour suspendre plus globalement les sanctions américaines, a-t-il insisté.

Au passage, le secrétaire d’État a annoncé que Washington mettait fin au « traité d’amitié » de 1955 avec l’Iran invoqué par la CIJ pour justifier sa décision. Et, fidèle à sa ligne souverainiste, la Maison-Blanche a promis de « passer en revue tous les accords internationaux qui risquent d’exposer les États-Unis à la compétence prétendument contraignante de la Cour internationale de justice dans la résolution de différends ».

« Régime hors la loi », a rétorqué son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Au coeur du bras de fer judiciaire : le rétablissement par Donald Trump de toutes les sanctions américaines levées dans le cadre de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, dont le président des États-Unis s’est retiré en mai. Dénonçant un grave impact sur son économie, Téhéran demandait leur suspension.

Les juges de la plus haute instance judiciaire des Nations unies ont décidé que les sanctions visant certains biens constituaient une violation de ce traité d’amitié de 1955 censé encourager les échanges commerciaux entre les deux pays, qui n’ont toutefois plus de relations diplomatiques depuis 1980.

À l’unanimité, ils ont ordonné au gouvernement américain de « supprimer toute entrave » à « la libre exportation vers l’Iran de médicaments et de matériel médical, de denrées alimentaires et de produits agricoles » et de biens nécessaires à la sécurité de l’aviation civile, a déclaré le juge président Abdulqawi Ahmed Yusuf.

Les sanctions « risquent de nuire gravement à la santé et à la vie de personnes se trouvant sur le territoire iranien », a-t-il ajouté.

À Téhéran, certains médicaments utilisés dans le traitement de maladies de longue durée, comme le cancer et le diabète, ainsi que certains équipements médicaux se font rares depuis le rétablissement de sanctions. Selon plusieurs médias locaux, les producteurs de médicaments iraniens peinent également à s’approvisionner en matières premières.