Palestine : la Belgique s’engage à verser 19 millions d’euros à l’UNRWA

La Belgique s’est engagée , mercredi 17 janvier , à verser en trois ans 19 millions d’euros à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), pénalisée par un gel partiel de l’aide américaine, et a annoncé verser « immédiatement » 6,3 millions.

La Belgique « a décidé d’accorder 19 millions d’euros à l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour l’aide humanitaire aux réfugiés palestiniens, au cours des trois années à venir », écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, soulignant être « l’un des rares bailleurs à octroyer un tel financement pluriannuel ».

« Compte tenu des problèmes financiers que rencontre actuellement l’agence, la contribution annuelle belge a immédiatement été versée », précise le ministère en rappelant que « le gouvernement américain a décidé hier (mardi) de suspendre la moitié de ses aides à l’UNRWA ».

Ce financement de base pour 2018 correspond à 6,3 millions d’euros et devrait être complété par un financement volontaire au cours de l’année, a précisé un porte-parole. L’an dernier, la Belgique avait accordé 10,3 millions d’euros de fonds supplémentaires à l’UNRWA.

L’Union européenne dans son ensemble est le premier soutien de cette agence, financée à 30 % par des fonds américains.

’UNRWA a indiqué être confrontée à sa « plus grave crise financière » en presque 70 ans d’histoire après l’annonce par l’administration Trump du gel de plus de la moitié de ses versements prévus en ce début 2018, soit 65 sur 125 millions de dollars.

Les Européens sont aussi les premiers bailleurs de l’Autorité palestinienne. Lundi, ils doivent recevoir à Bruxelles son président, Mahmoud Abbas, pour un déjeuner de travail avec les chefs de la diplomatie de l’UE, qui avaient invité le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en décembre.

Au menu : la crise ouverte par la reconnaissance de Jérusalem occupée comme capitale d’Israël par le président américain Donald Trump, et les moyens de relancer le processus de paix israélo-palestinien, alors que pour M. Abbas, « les États-Unis se sont disqualifiés eux-mêmes » et ne peuvent donc plus faire office de médiateur.

La question du soutien financier aux Palestiniens sera aussi abordée le 31 janvier lors d’une réunion à Bruxelles des pays du groupe international des donateurs pour la Palestine, présidé par la Norvège.

Censé être soutenu par l’UE et les Etats-Unis, ce groupe réunit des représentants de l’Autorité palestinienne, du gouvernement israélien, du Canada, d’Egypte, du Japon, de Jordanie, de Russie, d’Arabie saoudite, de Tunisie, ainsi que du FMI et de l’ONU.

« Pour de nombreux réfugiés palestiniens, l’UNRWA est l’ultime secours. Grâce à elle, un demi-million d’enfants palestiniens vont à l’école, ce qui leur évite de tomber dans la radicalisation et les violences extrémistes”, a déclaré le ministre belge de la Coopération au Développement, Alexander De Croo, dans le communiqué.

La raison d’être de l’agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens

Après la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948, l’Assemblée générale de l’ONU a créé en décembre 1949 l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, connu sous son acronyme anglais UNRWA – pour United Nations Relief and Works Agency.

L’Office se charge depuis des activités liées aux réfugiés palestiniens disséminés dans le Proche-Orient ( Jordanie , Liban , Syrie et Gaza ) . Il prend en charge aujourd’hui plus de 4,4 millions de personnes, à qui il distribue de l’aide et offre des services sociaux.

En 2016, les États-Unis ont versé 319 millions de dollars (265 millions euros) d’aide à l’UNRWA alors que le besoin réel s’élève à 813 millions de dollars afin de répondre d’urgence à la crise dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux besoins humanitaires des réfugiés palestiniens touchés par le conflit en Syrie, y compris ceux déplacés au Liban et en Jordanie. Pierre Krähenbühl, commissaire général de l’UNRWA, n’a cessé d’appeler à un soutien « urgent et généreux » de la part de la communauté internationale.

Pourquoi Israël demande la fermeture de l’UNRWA

Depuis la décision de Donald Trump de reconnaitre Jérusalem occupée omme capitale d’Israël, le 6 décembre, les relations entre la Maison-Blanche et les Palestiniens se sont un peu plus tendu. Mercredi 20 décembre, le président palestinien Mahmoud Abbas refusait de rencontrer des responsables américains, dont le vice-président Mike Pence, pour aborder le processus de paix avec Israël.

« Nous payons les Palestiniens des centaines de millions de dollars par an sans reconnaissance ou respect » de leur part, a tweeté le président américain mardi 2 janvier. « Ils ne veulent même pas négocier un traité de paix avec Israël qui est attendu depuis si longtemps. Nous avons mis Jérusalem, la partie la plus dure des négociations, hors de la table mais pour cela, Israël aurait dû payer davantage ».

C’est dans ce contexte que Benjamin Netanyahu se dit « entièrement d’accord avec les critiques virulentes du président Donald Trump », qui a menacé mardi dernier de supprimer l’aide financière américaine à destination des Palestiniens. « L’existence même de l’UNRWA perpétue le problème des réfugiés palestiniens ainsi que le narratif du soi-disant droit au retour, dont l’objectif réel est la destruction de l’État d’Israël », a-t-il ajouté lors du Conseil des ministres hebdomadaire du dimanche 7 janvier 2018.

« C’est pourquoi il est temps de démanteler l’UNRWA et de fusionner ses activités avec celles du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) », a ajouté Benjamin Netanyahu, rappelant qu’il avait tenu des propos similaires en juin dernier lors de la visite en Israël de la représentante des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley. Les Palestiniens sont les seuls à disposer d’un organisme d’aide qui leur est propre alors que des millions d’autres réfugiés dans le monde sont pris en charge par le HCR, a-t-il affirmé.

De vives réactions de l’UNRWA

Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA a vivement réagi en rappelant, dimanche 7 janvier, que le mandat de l’agence venait de l’Assemblée générale des Nations unies et que la tâche qu’elle lui fixait était de « continuer à fournir ses services jusqu’à ce qu’une solution juste et pérenne ( droit au retour ) soit trouvée pour les réfugiés palestiniens ».

Pour lui, « ce qui perpétue la crise des réfugiés est l’échec des parties (en conflit) à mettre fin à cette situation », a-t-il ajouté. « Ceci nécessite d’être résolu dans le contexte de négociations de paix, basées sur les résolutions de l’ONU et le droit international, et requiert un engagement actif de la communauté internationale ».

Avec agences