Après avoir affirmé que pour lutter contre l’immigration illégale, il fallait «séparer les enfants» de leurs parents clandestins, Donald Trump, a assuré ce 20 juin qu’il signerait un texte pour éviter la séparation des familles de migrants.
Le président américain Donald Trump a annoncé ce mercredi 20 juin qu’il allait signer un décret pour éviter la séparation des familles de migrants ayant franchi illégalement la frontière avec le Mexique.
«Nous voulons garder les familles ensemble», a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche. «Je signerai quelque chose bientôt», a-t-il poursuivi, expliquant espérer que ce texte serait suivi par une loi. L’administration américaine est sous le feu des critiques, tant au niveau national qu’international, alors que plus de 2 300 mineurs ont été séparés de leurs parents en cinq semaines.
Donald Trump avait en effet décidé que pour lutter contre l’immigration illégale, tous les clandestins franchissant la frontière seraient désormais poursuivis au pénal. Puisque selon la loi, les mineurs ne peuvent pas être incarcérés avec leurs proches, il fallait donc selon «séparer les enfants».
Le président et son équipe répètent depuis plusieurs jours qu’ils ne font qu’appliquer la loi et que seule une modification de cette dernière par le Congrès permettrait de mettre fin aux séparations très critiquées, aux Etats-Unis mais aussi à travers le monde.
Plus tôt, le chef des républicains à la Chambre des représentants Paul Ryan avait annoncé qu’il soumettrait au vote jeudi une loi mettant un terme aux séparations de familles de migrants franchissant illégalement la frontière et «résolvant» le statut des jeunes arrivés sans papiers aux Etats-Unis.
Plus tôt dans la journée , Amnesty International a publié le communiqué suivant
Il s’agit d’une politique d’une incroyable cruauté. Des enfants terrorisés sont arrachés des bras de leurs parents puis emmenés dans des centres de détention surpeuplés et placés dans des cages.
Les récentes images intolérables montrant ces enfants arrachés à leurs parents et enfermés dans des cages, sont le reflet de la politique de tolérance zéro voulue par le ministre américain de la Justice.
UN ACTE DE TORTURE ENVERS LES ENFANTS
Cette politique a pour objectif spécifique de causer des souffrances psychologiques intenses à ces familles, dans le but de dissuader d’autres personnes d’essayer de se mettre en sécurité aux États-Unis.
Un grand nombre de ces familles viennent de pays où la violence est généralisée et où de graves violations des droits humains sont monnaie courante, notamment le Honduras et le Salvador. Il s’agit d’une violation flagrante des droits fondamentaux.
DES TÉMOIGNAGES ACCABLANTS
Les déclarations du gouvernement Trump sonnent creux. Ces pratiques cruelles et injustifiées sont infligées non seulement aux familles franchissant illégalement la frontière, mais également à celles qui demandent protection aux points d’entrée.
Nous avons d’ailleurs rencontré 17 demandeurs et demandeuses d’asile séparés de force de leurs enfants, et à l’exception de trois d’entre eux, ils étaient tous arrivés légalement pour y demander l’asile.
Kirstjen Nielsen, la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, nie l’existence d’une telle politique de séparation des familles. Pourtant, une déclaration qu’elle a faite en janvier 2018 confirme que l’intention de prendre les familles pour cible était là dès le début.
« Nous étudions divers moyens d’appliquer nos lois dans l’objectif de dissuader les parents d’amener leurs enfants ici. » Kirstjen Nielsen, la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure
Son prédécesseur, John Kelly, désormais chef de cabinet du président Trump, avait proposé ces mesures dès mars 2017.
UNE « TOLÉRANCE ZÉRO » OFFICIALISÉE
Le 6 avril 2018, Jeff Sessions, le ministre de la Justice, a annoncé l’introduction d’une politique de tolérance zéro pour « les entrées illégales sur le territoire ». Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, plus de 2 000 enfants ont été séparés de leurs parents ou tuteurs légaux à la frontière américaine.
Les droits des enfants sont bafoués de diverses manières : ils sont arrêtés, séparés de leurs parents ou tuteurs, et exposés à des situations traumatisantes injustifiées susceptibles de nuire à leur développement.
Des statistiques obtenues par les médias semblent indiquer que des milliers d’autres familles de migrants ont probablement été séparées par le gouvernement Trump avant même l’introduction de ces nouvelles consignes.