Idleb/Syrie : Moscou oppose une fin de non-recevoir aux critiques de Donald Trump

Mettant en cause l’action de la Russie dans le nord de la Syrie, le président américain a appelé à mettre fin à ces opérations. Moscou à rétorqué en rappelant la présence de groupes terroristes repassés à l’offensive malgré un accord.

Moscou a opposé une fin de non-recevoir aux critiques de Donald Trump sur les opérations militaires en cours dans le nord de la Syrie. «Il va sans dire que les bombardements en provenance des terroristes d’Idleb sont inacceptables», a fait valoir le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov le 3 juin. «Des mesures ont été prises pour neutraliser leurs positions de tir», a-t-il ajouté.

Ces déclarations font suite à un tweet du président américain dans la nuit du 2 au 3 juin, appelant à la fin des frappes dans le nord de la Syrie. Dans cette région, la poche d’Idleb est encore aux mains de plusieurs groupes terroristes, dont Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-Front al-Nosra), mais aussi de rebelles pro-turcs. «Il se dit que la Russie, la Syrie, et, dans une moindre mesure, l’Iran bombardent furieusement la province d’Idleb, tuant sans distinction de nombreux civils», avait lancé Donald Trump. Et d’ajouter, en évoquant une «boucherie» : «Arrêtez !»

Dmitri Peskov a toutefois fait valoir que les groupes terroristes menaient depuis cette province syrienne des attaques contres des infrastructures civiles d’une part, et d’autre part, contre des installations militaires russes. «La Russie poursuit sa coopération avec la Turquie, à qui revient la responsabilité d’empêcher de telles attaques», a encore précisé le porte-parole russe.

Situation toujours compliquée dans la région d’Idleb

Dans la province d’Idleb, qui a fait office au cours du conflit syrien d’enclave accueillant des djihadistes battus dans d’autres régions, la tension est fortement montée depuis le début du mois de mai. De nombreuses positions de l’armée régulière syrienne ont été la cible d’attaques d’envergure.

Pourtant, Idleb fait l’objet depuis septembre 2018 d’un accord russo-turc sur la sécurisation d’une «zone démilitarisée». Conclue dans la ville russe de Sotchi le 17 septembre, cette initiative prévoyait, entre autres, la création d’une zone tampon de 15 à 20 kilomètres de large, en forme de fer à cheval, sous le contrôle conjoint de la Russie et de la Turquie, non seulement dans la province d’Idleb et des secteurs des régions voisines d’Alep, Hama et Lattaquié. Les djihadistes devaient se retirer, avec leurs armes lourdes, de façon à ne plus se mélanger aux populations civiles. HTS a toutefois refusé ces dispositions.

En avril dernier, Vladimir Poutine avait mis en garde contre une résurgence de l’activité des groupes terroristes : «En ce qui concerne la région d’Idleb, je l’ai répété à plusieurs reprises et je souhaite le répéter encore une fois. Nous devons continuer à combattre les terroristes qui se sont installés dans cette zone […] S’ils effectuent des incursions depuis cette dernière, ce qui arrive de temps en temps, ils subiront une riposte de notre part.»