Guerre des Saouds au Yémen : 85 000 enfants morts de faim ou de maladie

Pour parvenir à ce chiffre, l’ONG Save The Children s’est basée sur des données fournies par l’ONU. Selon Save The Children, présente au Yémen depuis 1963, des milliers d’enfants seraient décédés depuis le début du conflit. Et beaucoup sont menacés par la famine.

Quelque 85.000 enfants seraient morts de faim ou de maladie depuis l’intensification, par la coalition des Saouds , de la guerre au Yémen, selon une estimation faite mercredi 21 novembre par l’ONG Save The Children.

L’analyse de Save The Children se base sur les données des Nations-Unies enregistrées entre avril 2015 et octobre 2018. Les chiffres sont alarmants : 85 000 enfants de moins de cinq ans seraient morts de faim ou de maladie grave pendant cette période.

Une estimation qualifiée de « prudente ». L’ONG affirme, dans un communiqué, avoir utilisé des données de l’ONU pour évaluer les taux de mortalité dus aux cas de malnutrition sévère et de maladie chez les enfants de moins de cinq ans. Se basant sur une « estimation prudente », l’ONG avance qu’environ 84.701 enfants seraient morts de faim ou de maladie entre avril 2015 et octobre 2018. D’autres ont par ailleurs été tués dans les combats qui ensanglantent ce pays pauvre de la péninsule Arabique.

« On peut l’éviter ». La guerre a fait quelque 10.000 morts et 14 millions de personnes se trouvent en situation de pré-famine, selon l’ONU. « Nous sommes horrifiés par le fait qu’environ 85.000 enfants soient morts de faim. Pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des douzaines meurent de faim et on peut l’éviter », a déploré dans le communiqué de Save The Children, Tamer Kirolos, son directeur pour le Yémen.

Des souffrances extrêmes

Les enfants qui meurent de faim «souffrent énormément», explique Tamer Kirolos, directeur de Save The Children au Yémen. «Leurs fonctions vitales ralentissent et finalement s’arrêtent, leurs systèmes immunitaires sont si faibles qu’ils sont plus enclins aux infections et ils sont tellement fragiles qu’ils n’arrivent même plus à pleurer. Les parents peuvent seulement rester à regarder leurs enfants qui sont en train de mourir, sans pouvoir rien faire», poursuit-il.

Malgré les combats, les sièges, la bureaucratie, l’association Save The Children parvient à fournir une aide à quelques zones du nord du Yémen, en passant par le port méridional d’Aden. «Nous avons fourni de la nourriture à 140 000 enfants et soigné plus de 78 000 enfants souffrant de malnutrition depuis le début du conflit», précise Tamer Kirolos.

Les bombardements aériens et les combats qui s’intensifient à Hodeidah, Taiz, Saada et Sanaa mettent toujours davantage d’enfants en danger. «Les enfants au Yémen sont au bord du gouffre et il est nécessaire de leur fournir au plus vite des aliments à haut contenu nutritif pour les sauver», alerte le directeur.

D’après les Nations-Unies, 400 00 enfants yéménites souffriraient actuellement de malnutrition aigüe, soit plus de 15 000 qu’en 2017.

L’aide humanitaire ne suffit pas, pour le CICR

Même si le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) accueille volontiers les 500 millions de dollars promis mardi par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, « l’aide humanitaire à elle seule ne va pas résoudre les problèmes de la population civile, explique à la RTS Mirella Hodeib, porte-parole du CICR au Yémen. Nous avons besoin d’une solution politique.

Or, tous les aliments de base, comme le riz ou le sucre, arrivent par le port de Hodeida, où la bataille fait rage. « Il est primordial que ce port reste fonctionnel, sinon on va être confrontés à une catastrophe humanitaire beaucoup plus grave qu’actuellement », alarme la porte-parole du CICR.

Avec agences