Le crépuscule des lions profite aux charognards…

Comme tout un chacun, Si Béji Caïd Essebsi avait ses qualités et ses défauts, mais l’on ne peut que reconnaître en lui un grand homme d’Etat. Il a été de tous les événements historiques qui ont profondément marqué le destin de ce pays et a répondu présent lorsque les Tunisiens ont eu besoin de lui après la chute de Ben Ali.

Les Tunisiens voyaient en lui un gage de fiabilité et de stabilité. Ils retiendront de lui l’image du vieux qui les rassurait dans les moments de détresse et d’incertitude, du fait de son expérience, du fait de la philosophie politique dont il se réclamait et de la « tunisianité » qu’il incarnait dans un sens.

Aujourd’hui, peu d’hommes politiques peuvent prétendre à la gloire. L’on ne peut faire preuve d’une parfaite mesquinerie, baigner dans la médiocrité et, en même temps, se forger un destin politique national.

La disparition de Béji Caïd Essebsi me rappelle un célèbre passage du roman Le Guépard, le chef-d’œuvre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa qui est passé à la postérité grâce à l’adaptation de Luchino Visconti ; c’est une prophétie mise dans la bouche du Prince de Salina, le protagoniste principal du roman : « Nous fûmes les Guépards, les Lions ; ceux qui nous remplaceront seront les petits chacals, les hyènes ; et tous ensemble, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre. »

Pierrot LeFou