Éthiopie : le parlement nomme une femme à la tête de la Cour suprême

L’avocate et militante des droits des femmes Meaza Ashefani a été désignée jeudi 1er novembre à la tête de la Cour suprême éthiopienne, une première dans le pays qui a récemment nommé une femme présidente et un gouvernement paritaire.

Le Parlement éthiopien a désigné jeudi , pour la première fois, une femme à la tête de la Cour suprême, le dernier poste en date d’une série de nominations de femmes à de hautes fonctions, a annoncé un haut fonctionnaire.

La nomination de Meaza Ashenafi fait suite aux décisions, en octobre, du Premier ministre Abiy Ahmed de désigner une femme à la présidence du pays, et, dans son gouvernement de 20 ministres, de donner la moitié des portefeuilles aux femmes.

« La marche de l’Éthiopie vers la parité entre les sexes aux postes clés de direction se poursuit sans relâche », a écrit sur Twitter un conseiller d’Abiy, Fitsum Arega. « Meaza Ashenafi est l’une des avocates les plus expérimentées d’Éthiopie et une militante des droits des femmes. »

Ancienne juge de la Haute Cour, Meaza Ashefani a également participé à la rédaction de la Constitution éthiopienne et a fondé l’Association des femmes avocates éthiopiennes (Ethiopian Women Lawyers Association, EWLA), selon le média d’État, Fana.

Elle a notamment défendu avec succès une jeune fille de 14 ans, accusée d’avoir tué un homme qui l’avait violée pour pouvoir ensuite l’épouser. Cette histoire a été relatée dans le film « Difret », sorti en 2014, et dont Angelina Jolie a été productrice exécutive.

Qui est Meaza Ashenafi

Son histoire a particulièrement touché Angelina Jolie, qui a produit un film sur son combat pour les droits des femmes.

Cette native de la région d’Asosa de Benishangul-Gumuz, situé à cent kilomètres de la capitale, a obtenu son premier diplôme en droit de l’Université Addis Abeba et sa maîtrise en relations internationales de l’Université américaine du Kentucky, avant d’occuper plusieurs postes dont juge à la Haute Cour d’Ethiopie, conseillère juridique ou encore membre de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.

Mais en Éthiopie, Ashenafi est loin d’être une simple avocate. Cette nouvelle présidente de la Cour Suprême lutte depuis des années pour les droits des femmes dans son pays. Avec les quelques femmes avocates diplômées en Éthiopie en 1995, elle a fondé l’association éthiopienne des femmes juristes (EWLA). En 2011, elle s’entoure de 10 éthiopiennes puissantes pour lancer la première banque axée sur les femmes, Enat Bank, pour les aider à accéder aux crédits et être plus autonomes.

Mais c’est en choisissant de représenter, en 1996, une jeune fille de 14 ans qu’Ashenafi marquera les esprits des Éthiopiens. La jeune fille avait tué son violeur qui l’avait kidnappée pour l’épouser, selon les traditions du pays. Grâce à cette affaire, Meaza Ashenafi contribuera même à l’interdiction en 2004 de ces enlèvements traditionnels appelés “Telefa”.

Cette histoire a touché l’actrice américaine Angelina Jolie, qui se rend souvent en Éthiopie pour apporter son aide aux personnes atteintes du sida. L’actrice américaine a ainsi produit en 2015 “Difret”, un film retraçant le long combat d’Ashenafi pour défendre la jeune fille qui risquait la peine de mort dans un pays où la légitime défense n’avait été encore jamais accordée à une femme.

En 2003, Ashenafi a reçu le Hunger Project Award, dont le but est d’éradiquer la faim dans le monde, et a été nominée en 2005, au prix Nobel de la Paix pour son combat pour les droits de la femme et l’égalité des genres.

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