Erdogan annonce l’envoie de ses troupes en Libye

Trois jours avant la tenue à Berlin d’un sommet consacré à la crise en Libye, Recep Tayyip Erdogan a annoncé l’envoi de troupes turques dans ce pays pour soutenir le gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj.

Recep Tayyip Erdogan a annoncé l’envoi de troupes en Libye en soutien aux forces du gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj face aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen.

«Nous envoyons nos troupes pour soutenir le gouvernement légitime libyen», a-t-il dit s’exprimant jeudi 16 janvier lors d’une conférence consacrée aux résultats économiques du pays en 2019.
Erdogan a ajouté que la Turquie continuerait d’utiliser tous ses moyens diplomatiques et militaires pour assurer la stabilité à sa frontière sud, terrestre ou maritime, intégrant la Libye dans cet objectif.

Sommet de Berlin sur le conflit en Libye

L’annonce de l’envoi de troupes turques intervient à trois jours de la tenue dimanche 19 janvier à Berlin d’un sommet consacré à la crise libyenne, auquel Erdogan participera, et après l’échec des discussions qui se sont déroulées en début de semaine à Moscou, où Haftar a refusé de signer un accord de cessez-le-feu négocié sous la médiation de la Turquie et de la Russie.

La Turquie explorera «bientôt» le gaz dans la Méditerranée orientale

Le Président turc a également déclaré qu’Ankara commencerait à accorder des permis d’exploration et de forage dans la Méditerranée orientale en 2020, conformément à un accord maritime avec la Libye. Il a indiqué que le navire turc Oruc Reis entamerait des mesures sismiques dans la région.

Mercenaires syriens envoyés par la Turquie en Libye

En Libye, les informations faisant état de la présence de mercenaires syriens envoyés par la Turquie se multiplient. Des vidéos sont apparues , depuis deux semaines , témoignant de leur présence à Tripoli où les milices fidèles à Fayez el-Sarraj sont en difficulté devant l’offensive du maréchal Khalifa Haftar.
Des sources anonymes à l’aéroport de Mitiga, à Tripoli, témoignent d’une circulation importante de combattants venus de Turquie, à bord de vols non enregistrés.

Selon différentes sources jointes par RFI, c’est la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah Airways et la compagnie al-Ajniha, propriété de Abdelhakim Belhaj, un jihadiste résidant en Turquie, qui ont transporté ces combattants de la Turquie à Tripoli. Leur objectif : prêter main-forte aux milices islamistes, fidèles au Gouvernement d’union nationale. Entre vendredi et dimanche dernier, quatre appareils ont atterri à l’aéroport de Matiga, débarquant des combattants syriens des brigades fidèles à Ankara.

« Nous sommes venus défendre l’islam en Libye, nous sommes l’armée libre », martèle un combattant à l’accent syrien dans une des premières vidéos qui témoigne de cette présence.

Dans un communiqué, publié dimanche, le Gouvernement d’union nationale libyen a nié la présence de ces combattants syriens en Libye affirmant que cette vidéo avait été tournée à Raqqa, en Syrie. Des acteurs de la société civile libyenne relèvent cependant sur la vidéo des éléments qui indiqueraient que celle-ci a été tournée en Libye près du camp militaire Tekbali récemment repris par les opposants aux forces de Khalifa Haftar.

Sur les réseaux sociaux, des pages dédiées à la « révolution syrienne » annoncent le décès de personnes qui ont trouvé la mort en Libye, des « martyrs qui défendaient les Moujahidines de Tripoli ».

500 combattants déjà sur place

Joint par RFI, Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) affirme qu’au moins 500 combattants syriens sont déjà en Libye. Selon lui, mille autres ont été transportés en Turquie et devraient être envoyés, à leur tour, vers Tripoli.

« Des bureaux d’inscription sont ouverts pour les combattants désireux d’aller combattre en Libye, dans les zones sous occupation turque au nord de la Syrie, précisément à Afrin. A présent, on est sûr que des combattants appartenant à ce qu’on appelle « l’armée nationale », ces forces fidèles à la Turquie, ont été transférés en Libye. Il y a au moins 500 combattants qui sont déjà en Libye. Des centaines d’autres se préparent à s y rendre. En réalité, ce ne sont que des mercenaires parce qu’ils combattent hors de la Syrie, au service de la Turquie, non pas pour une cause mais pour de l’argent tout simplement », souligne-t-il

« Ces combattants sont transportés dans un premier temps vers Gaziantep, près de la frontière syrienne, et sont ensuite envoyés vers plusieurs aéroports d’où ils sont transportés vers la Libye. Ils combattent dans le cadre de sociétés de sécurité privées turques. La Turquie n’enverra pas son armée tant qu’elle trouvera des mercenaires prêts à faire le travail en Libye », a ajouté Rami Abdel Rahmane.

La semaine dernière, le commandement militaire de Khalifa Haftar avait affirmé que 11 Syriens avaient trouvé la mort près de Syrte. L’aviation visait alors une position des milices de Misrata.

 La Turquie ne dément pas

Au contraire, une conseillère du président turc indique que cet envoi a été « envisagé ». Même tonalité chez plusieurs sources turques haut placées interrogées par l’agence Reuters. Selon ces sources, Ankara « songe à envoyer des miliciens syriens en Libye, le sujet est en discussion ». « Une réflexion est menée et des réunions sont organisées sur cette question », rajoutent ces sources avant de conclure : « la tendance est d’aller dans cette direction ». Les contacts de Reuters ne donnent cependant pas des précisions sur le nombre d’hommes qui y seront envoyés.