Le secrétaire d’Etat américain sortant John Kerry a averti vendredi 6 janvier lors d’une entrevue à la chaîne CBS que le projet du président élu Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem conduirait à une « explosion totale » au Moyen-Orient.
La décision controversée de Trump pourrait mener à un embrasement de la violence en Israël, en Cisjordanie, et à travers le Moyen-Orient, a-t-il dit.
« Ce serait une véritable explosion, une explosion considérable dans la région, pas seulement en Cisjordanie et peut-être même en Israël, mais dans toute la région », a-t-il déclaré.
« Le monde arabe porte un intérêt énorme pour le Haram al-Sharif, le Mont du Temple, le Dôme [du Rocher], et c’est un site saint pour le monde arabe », a ajouté Kerry.
« Cela aura un profond impact sur la capacité de la Jordanie et de l’Egypte d’être en mesure de soutenir et de s’allier avec Israël comme ils le font aujourd’hui « , a-t-il également soulevé.
Par ailleurs, dans une autre entrevue donnée vendredi à la chaîne CNN, John Kerry a commenté les réactions des Jordaniens, Palestiniens et autres pays arabes selon lesquelles le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem est une ligne rouge et serait considéré comme une provocation.
Tant l’Autorité palestinienne que le gouvernement jordanien ont décrit ce transfert comme une « ligne rouge ». La Jordanie a aussi menacé des conséquences « catastrophiques » de cette décision.
« Maintenant, c’est ce qu’ils disent. Nous ne voulons évidemment pas que cela se produise », a déclaré Kerry à la chaîne CNN.
Un acte politiquement risqué
Le transfert de l’ambassade à Jérusalem serait un acte hautement symbolique et politiquement risqué. La zone Jérusalem-Est est au cœur du conflit entre Israël et les Palestiniens.
Cet acte pourrait avoir de lourdes conséquences pour la diplomatie américaine vis-à-vis de la communauté internationale et serait considérer par les Palestiniens comme une volonté de mettre fin à toute tentative de paix dans le conflit israélo-palestinien.
Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat, tandis que Trump souhaite reconnaître Jérusalem comme « la capitale éternelle du peuple juif depuis plus de 3.000 ans« , et que les Etats-Unis sous son administration « accepteront Jérusalem comme la capitale indivisible de l’Etat d’Israël« , avait annoncé un communiqué de la campagne de l’ancien candidat.
Ligne rouge
Le président palestinien Mahmoud Abbas a prévenu vendredi 6 janvier le président élu Donald Trump que le transfert de l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem représentait une « ligne rouge » et que les Palestiniens ne l’accepteraient pas.
« Toute déclaration ou prise de position qui remet en cause ou modifie le statut de Jérusalem est une ligne rouge, et nous ne l’accepterons pas », a dit M. Abbas selon le texte publié par l’agence palestinienne Wafa d’un discours qu’il devait prononcer à Beit Sahour près de Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.
« Si l’ambassade est déplacée à Jérusalem, le processus de paix au Moyen-Orient, et même dans le monde, en subira les graves conséquences », a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, la Jordanie a également mis en garde vendredi le président élu américain Donald Trump contre tout transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
En décembre dernier, la principale conseillère de Trump Kellyanne Conway avait déclaré que la promesse de la campagne de voir l’ambassade américaine en Israël déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem était une « très grande priorité« .
En vertu du « Jerusalem Embassy and Recognition Act » adopté par le congrès en 1995, il est prévu que l’ambassade américaine soit située à Jérusalem. Cette loi , non contraignante, n’a jamais été appliquée par les différentes administrations, qui ont tour à tour retardé sa mise en œuvre.