Le chef du groupe terroriste Daesh Abou Bakr al-Baghdadi, qui avait été donné pour mort à plusieurs reprises, est apparu pour la première fois en cinq ans dans une vidéo de propagande diffusée ce lundi par l’organisation djihadiste.
Bien que donné pour mort à plusieurs reprises, le leader de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi, est apparu pour la première fois depuis cinq ans dans une vidéo de propagande diffusée ce 29 avril par le groupe terroriste djihadiste.
La date à laquelle cette vidéo a été tournée n’est pas connue, mais Abou Bakr al-Baghdadi, chef du «califat» djihadiste autoproclamé en 2014, y déclare que «la bataille pour Baghouz est maintenant terminée», en référence au dernier réduit du groupe terroriste dans l’est de la Syrie, tombé le 23 mars 2019. Il évoque en outre les attentats meurtriers contre des églises et des hôtels de luxe au Sri Lanka qui, assure-t-il, ont été menés en représailles aux pertes infligées à l’Etat islamique ( ou Daesh ) à Baghouz.
L’homme, qui apparaît avec une longue barbe grise qui semble être teinte au henné et se tient assis les jambes croisées sur un coussin, affirme que l’Etat islamique «se vengera» au nom de ses membres tués et que le combat contre l’Occident est «une longue bataille». S’adressant à trois hommes dont les visages ont été floutés, le leader de Daesh promet d’autres actions du groupe terroriste «après cette bataille».
Il ajoute que son groupe a mené 92 opérations dans huit pays différents pour « venger ses frères au Cham » (ndlr, la Syrie et l’Irak). Il insiste donc sur l’aspect international de l’Etat Islamique et mentionne différentes origines des commandants et recrues.
Dans cette vidéo, le chef de Daesh, insiste aussi « sur la seule voie du djihad » ne marquant pas son soutien aux soulèvements populaires.
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En août 2018, Abou Bakr al-Baghdadi avait appelé ses partisans à poursuivre le «djihad», dans un message diffusé via son agence de propagande Amaq sur la messagerie Telegram. Il s’agissait alors du premier enregistrement qui lui était attribué en près d’un an.
Le chef djihadiste est apparu pour la première et dernière fois en public en 2014 à Mossoul, dans le nord de l’Irak, où il a proclamé le «califat» de Daesh.
Entourage minimal
Après avoir survécu à plusieurs attaques aériennes, « il n’est plus entouré que de trois personnes », affirmait récemment Hicham al-Hachémi, spécialiste des mouvements jihadistes, cité par l’AFP.
« Son frère Joumouaa, plus âgé que lui, son chauffeur et garde du corps Abdellatif al-Joubouri, qu’il connaît depuis l’enfance, et son estafette, Seoud al-Kourdi ».
Ensemble, ils sont dans la badiya, une zone désertique allant du centre de la Syrie à l’Irak, estimait alors l’expert. C’est là que son fils Houdhayfah al-Badri a été tué en juillet 2018, fauché dans la grotte où il se cachait par trois missiles russes téléguidés.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde qui a mené les combats contre Daesh dans l’est de la Syrie, elles, disaient en mars ne pas avoir « d’informations sur une présence de Baghdadi en Syrie ».
L’homme, né dans une famille pauvre de Samarra, au nord de Bagdad, avait fait une seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri de Mossoul, grande ville du nord irakien reprise à Daesh en juillet 2017.
« Pas brillant » mais « bosseur »
Depuis, il ne s’était plus exprimé que dans des enregistrements sonores, bien loin des cassettes vidéos que Ben Laden diffusait régulièrement, avec mise en scène au combat ou à la mosquée.
Dans son dernier enregistrement audio, Ibrahim Awad al-Badri, de son vrai nom, était sorti en août 2018 d’un an de silence. Huit mois après que l’Irak eut déclaré la « victoire » sur Daesh, il y exhortait ses partisans à poursuivre le « jihad ».
Plus récemment, alors que les forces antijihadistes en Syrie donnaient le coup de grâce au « califat », plusieurs personnes évacuées de Baghouz avaient assuré à l’AFP avoir reçu l’ordre de Baghdadi de quitter le réduit. Mais sans fournir davantage de détails.
Un temps, ce passionné de football au destin d’avocat ou de militaire contrarié par des résultats scolaires insuffisants et une mauvaise vue, a été imam à Bagdad.
Prêchant dans une mosquée peu fréquentée de l’Irak alors sous la dictature de Saddam Hussein, il a développé « une vision assez claire de là où il voulait aller et de l’organisation qu’il voulait créer », explique la journaliste Sofia Amara.
« C’est un planificateur secret », explique celle qui a réalisé un documentaire sur Baghdadi. Et, s’il « donne l’impression d’un homme pas brillant », il est « patient et bosseur ».