Crise iranienne : L’UE met en garde Washington contre toute « escalade militaire »

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a décidé de se rendre lundi 13 mai à Bruxelles pour discuter de « questions urgentes », et notamment de l’Iran. Il s’est entretenu avec les trois pays européens signataires de l’accord sur le nucléaire iranien.

C’est le sourire qui s’affiche sur les visages des deux chefs de la diplomatie américaine et de l’Union européenne, Mike Pompeo et Federica Mogherini… En réalité, c’est une rencontre précipitée qui débouche sur des discussions à bâtons rompus sur la crise iranienne.

Les Européens ont fait part de leur inquiétude au sujet du regain de tensions entre Washington et Téhéran. Les Etats-Unis, qui accusent l’Iran de préparer des attaques imminentes contre ses intérêts au Moyen-Orient, ont dépêché un navire de guerre et une batterie de missiles dans le Golfe.

« Mike Pompeo a entendu très clairement ma position, mais aussi celle des autres ministres des affaires étrangères de l’Union européenne : nous traversons un moment crucial et délicat, et la meilleure attitude à avoir, la plus responsable, c’est la retenue maximale pour éviter toute escalade militaire », a déclaré lors d’une conférence de presse Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne.

« Risque de conflit »

Le ton avait été donné par le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt au début de la réunion de Bruxelles : « Nous sommes très inquiets du risque qu’un conflit se produise par accident en raison de l’escalade des tensions ».

« La position américaine d’augmenter les pressions et les sanctions ne nous convient pas », a renchéri son homologue français Jean-Yves Le Drian.

La rencontre avec Mike Pompeo a été organisée dans la précipitation, a reconnu Federica Mogherini. « Nous avons de très sérieuses divergences et différences, et nous pensons que le dialogue est le meilleur moyen de les aborder et d’éviter l’escalade », a-t-elle ajouté.

Contourner les sanctions américaines ?

Dans le même temps, l’Union européenne, qui tente d’afficher son unité, se dit prête à mettre en place son mécanisme pour contourner les sanctions américaines et ainsi continuer à commercer avec l’Iran.

Les Européens n’ont malgré tout pas apprécié les menaces du président Hassan Rohani, qui a annoncé qu’il continuerait à renoncer à ses engagements conclus en 2015 concernant son programme nucléaire, si les Européens « ne respectaient pas leurs engagements ». Une position qui avait été soutenue par l’un des deux autres signataires de l’accord : la Russie.