Un complice dans l’attentat de Djerba de 2002 poignarde trois surveillants dans une prison en France

Un détenu islamiste a attaqué 3 surveillants en hurlant «Allahou Akbar».

L’un des blessés est sérieusement touché. Le détenu purge une peine de 18 ans pour complicité dans l’attentat de Djerba de 2002.
Trois surveillants du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais, France ) ont été blessés ce jeudi après-midi à coups de ciseaux par un détenu islamiste, Christian Ganczarski. L’un des blessés, sérieusement touché, a été transporté en urgence à l’hôpital. Son pronostic vital ne serait pas engagé.

Ganczarski, un Allemand converti à l’islam, a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour complicité dans l’attentat contre la synagogue de Djerba, en Tunisie (19 morts en avril 2002).

Il se trouvait à l’isolement depuis ce week-end. A l’ouverture de sa cellule, l’agresseur présumé se serait jeté sur les agents en criant : «Allaou Akbar».

Une source interne à l’administration pénitentiaire , citée par le journal Le Parisien , indique que le détenu a visé la carotide sans y parvenir. Selon une source policière, sa peine arrivait à échéance en février.

Le parquet de Paris s’est saisi des faits. L’enquête, ouverte du chef de tentatives d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, a été confiée à la SDAT (sous-direction anti-terroriste) et à la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure).

Rappel 

Un camion-citerne de gaz naturel bourré d’explosifs saute à 9 h 35 devant la synagogue de Djerba tuant 19 personnes (quatorze touristes allemands, trois Tunisiens, un Franco-Tunisien et un Français ) et faisant trente blessés.

Les autorités tunisiennes de l’époque prétendent d’abord l’explosion comme un accident, mais l’enquête menée par la Tunisie, la France et l’Allemagne montre rapidement qu’il s’agissait d’une attaque délibérée, ce que confirme une bande sonore, attribuée au réseau terroriste Al-Qaïda d’Oussama ben Laden, qui revendique la responsabilité de l’attaque et déclare « envoyer un message à l’Allemagne ».

Qui est cet islamiste proche de Ben Laden

Agé de 51 ans, en fin de peine, la détention de Christian Ganczarski ne posait pas de problème en particulier, selon des informations obtenues par « l’Obs ». Mais qui est véritablement Christian Ganczarski ? Comment cet homme timide et originaire de Gliwice, une petite ville du sud de la Pologne, est-il devenu l’ami de Ben Laden ?

Enfance catholique en Pologne

En 2009, le quotidien polonais « Dziennik » était allé à la rencontre de ses proches et de sa famille, à Glitwice. Andrzej Wierzbicki, qui a été son voisin, se souvient d’une famille catholique pratiquante, qui allait à la messe le dimanche et se confessait le vendredi :

« J’ai été stupéfait d’apprendre que Krystian était un terroriste, un islamiste ayant des liens avec Al-Qaida. J’aurais pu tout imaginer, mais pas qu’il puisse tuer des innocents. Pas lui ! »
Son oncle Piotr et sa tante Malgorzata sont tout aussi abasourdis. « Nous avons su qu’il avait épousé une femme d’origine arabe. Ils ont eu deux enfants… Mais un terroriste ? », s’étranglent-ils dans « Dziennik ». Malgorzata décrit aussi la détresse du père de Christian Ganczarski, Manfred : « Quand nous avons appris la nouvelle, nous avons immédiatement appelé Manfred, son père. Il pleurait et disait qu’il ne vivait que pour supporter le poids des péchés de Krystian. Il refusait d’admettre que l’homme dont on parlait était son fils. Ruta, la mère, est décédée peu après. Cela l’a meurtrie, j’en suis sûre. Son cœur n’a pas tenu ».

Conversion à l’islam en Allemagne

Christian Ganczarski a fait ses études en Allemagne, dans les environs de Duisburg. « Là, il a fréquenté un lycée professionnel pour devenir métallo », détaille un officier des renseignements polonais au quotidien « Dziennik ». C’est à cette période, autour de 1986, qu’on situe sa conversion à l’islam : à Duisburg, il noue ses premiers contacts avec le monde arabe lorsqu’il commence à travailler. Un proche sous couvert d’anonymat témoigne : « Il voulait s’immerger dans la religion. Petit à petit, il a perdu le contact avec le monde extérieur et le travail. Il était furieux quand on l’appelait Krystian. »

Tout s’accélère après son mariage avec Nicola Gebrecht, une Allemande également convertie à l’islam. Ensemble, ils s’envolent pour l’Arabie saoudite afin d’y suivre un enseignement coranique… qu’il interrompra pour aller combattre en Tchétchénie.

Amitié avec Oussama Ben Laden

A cette période, l’homme voyage au Pakistan, en Bosnie, en Afghanistan. On sait aujourd’hui que Ganczarski deviendra au fil des années responsable de la maintenance et du cryptage des réseaux de communication d’Al-Qaïda. Mais comment ? « Selon nos informations, il a rencontré Oussama Ben Laden à plusieurs reprises. Ils ont probablement sympathisé. Il faisait venir les médicaments pour le chef d’Al-Qaida. Pour cela, il se servait des ordonnances de sa fille, atteinte de diabète », poursuit l’officier des renseignements polonais auprès du quotidien « Dziennik ».

Condamné pour l’attentat de Djerba

Christian Ganczarski avait été condamné en 2009 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises spéciale de Paris, pour complicité dans l’attentat de la synagogue de Djerba (Tunisie) en avril 2002, qui avait fait 21 morts dont plusieurs Français. Le quotidien « Dziennik » raconte : « Un jour, il a eu tort de répondre au téléphone, ce qu’il ne faisait jamais. Un de ses amis de Duisburg, un islamiste fanatique, l’a appelé pour lui annoncer que « la volonté d’Allah [allait] s’accomplir ». Puis l’interlocuteur de Ganczarski est monté dans un camion rempli de bouteilles de gaz et a foncé sur des touristes à Djerba ». Filé par la CIA, Ganczarski sera finalement arrêté à Roissy, pendant un transit. « Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, présentera alors « cette opération comme un grand succès de la lutte terroriste », souligne « Dziennik ».

C’est au titre de cette complicité que Christian Ganczarski est actuellement incarcéré dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans laquelle il a agressé trois gardiens ce 11 janvier 2017.

Impliqué dans les attentats du 11-Septembre ?

Une source proche de l’enquête indique à « l’Obs » que Christian Ganczarski figure sur des documents retrouvés auprès de Mohammed Atta, un pilote des attentats du 11-Septembre. Selon « Dziennik », « c’est Ganczarski qui a recruté le Libanais qui pilotait un des avions qui se sont crashés contre le World Trade Center à New York ». Selon les informations de « l’Obs », Christian Ganczarski devait terminer sa peine en janvier mais il était établi qu’il ne sortirait pas, selon une des procédures particulières : la France devait le remettre à l’Allemagne, son pays d’origine, qui devait le remettre aux USA dans le cadre du dossier du 11-Septembre.

« Le Monde » indique que Christian Ganczarski devait comparaître le 17 janvier devant un tribunal de Douai (Nord) dans le cadre d’une procédure d’extradition. Selon des informations obtenues par « l’Obs », ce détenu avait été informé de son extradition à venir vers les Etats-Unis. Il en parle dans une conversation téléphonique. Une source judiciaire souffle à « l’Obs » qu’on ne peut d’ailleurs pas exclure une stratégie de sa part. Le seul but de cette agression de gardiens était-il de retarder son extradition ?

Avec médias français