Brésil : le président Lula est libre

Après un arrêt rendu dans la soirée du jeudi 7 novembre par la Cour suprême, un juge brésilien a autorisé la libération de l’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré depuis plus d’un an et demi pour corruption.

Un juge brésilien a autorisé, le 8 novembre, la sortie de prison de l’ex-président Lula, après un arrêt rendu la veille par la Cour suprême, selon l’ordre de libération consulté par l’AFP. Luiz Inacio Lula da Silva, 74 ans, figure historique de la gauche brésilienne, a ainsi été libéré dans la soirée plus d’un an et demi après son incarcération à Curitiba pour corruption.

Dans son ordre de libération, le juge a expliqué qu’il n’y avait plus «aucun fondement pour l’exécution de la peine» en raison de la décision de la Cour suprême de mettre fin à une jurisprudence permettant l’emprisonnement dès une première condamnation en appel, même si tous les recours ne sont pas épuisés.

Lula sort. Il passe une grille, fait quelques pas. Le sourire est timide. Le regard un peu perdu. Vite, on l’entoure, on l’acclame, on l’embrasse. Il se retrouve. S’arrête. Lève le poing. « Lula Livre ! Lula Livre ! », chante la petite foule habillée en rouge, qui l’attend depuis des heures, à la sortie du siège de la police fédérale de Curitiba. Dans la voix des partisans de l’ancien président, on le sent, ce n’est déjà plus une revendication ou un slogan. « Lula livre », est devenue une affirmation. Un cri de victoire.

Il est un peu plus de 17 h 30, et Lula est sorti de prison, après un an et demi passé derrière les barreaux. Tout est allé si vite, dans ce Brésil dribbleur comme aucun, capable d’interminables replis comme d’inimitables accélérations, d’échappées par les belles par les latérales. Il y a moins de 24 heures, le Tribunal suprême du pays déclarait que nul ne pouvait être emprisonné au Brésil avant l’épuisement de l’ensemble de ses recours, pavant la voie pour la libération de l’ancien président. Le reste, ce vendredi 8 novembre, s’est passé comme une lettre à la poste : il a suffi aux avocats, en début d’après-midi, de déposer une demande auprès de la juge locale, qui n’a pas cherché à lutter. En quelques heures, Lula était dehors. Libre, donc.

A toute vitesse, dans la journée, les militants du parti des travailleurs (PT) de Lula ont monté une scène, face à la prison. Là se croisent les visages de la vie de l’ancien métallo devenu président : syndicalistes à casquette rouge, professeurs d’université en chemise blanche bien repassée, jeunes gauchistes barbus, caciques indiens en coiffe traditionnelle… Tous venus l’embrasser. A peine sorti, sans attendre, face à la foule, Lula s’empare du micro. Ça se voit : l’homme a une fringale d’estrade. 580 jours sans scène, sans applaudissements, sans public, ça a dû être un supplice pour cet acteur politique sans pareil, peut-être le plus grand de l’histoire du Brésil.

Incarcéré depuis avril 2018, Lula a commencé à purger une peine de huit ans et dix mois pour corruption, mais dispose encore d’autres recours auprès d’instances supérieures.

Lula a été accusé d’avoir bénéficié d’un triplex dans une station balnéaire proche de Sao Paulo en échange de l’octroi de contrats à une compagnie du BTP. Depuis sa cellule de la Police fédérale à Curitiba, il n’a cessé de clamer son innocence, se disant victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.