Le 25 janvier 1993, HEDI NOUIRA nous quitta, en nous léguant un héritage rempli de gloire, de sacrifices et de dévouement pour la patrie.
Le CIPED ressent à la fois de l’honneur et du bonheur de porter son nom, pour que le pays n’oublie pas et s’imprègne des valeurs immuables auxquelles il croyait.
Pour ceux qui ne le savent pas, HEDI NOUIRA est un tunisien authentique, né de cette terre, œuvré pour cette terre et enseveli dans cette terre.
Son engagement pour son pays lui a valu, à l’époque de la lutte pour l’indépendance, les affres de la prison à Tunis, à Téboursouk, au Fort Saint-Nicolas de Marseille et à Montluc à Lyon, puis la résidence surveillée à Rome.
HEDI NOUIRA était un homme à l’intelligence rare et au tempérament généreux, entier et entièrement passionné.
C’est lui qui a reçu la lourde mission de créer et de structurer la Banque centrale de Tunisie qu’il dirigea de 1958 à 1970 et dont il a fait une véritable citadelle crédible et respectée.
En cette période où le Dinar connait ses pires difficultés, il est important de rappeler que c’est HEDI NOUIRA qui fut le créateur de notre monnaie nationale qu’il s’empressa de décrocher du Franc français, consacrant ainsi la souveraineté monétaire de son pays.
Dans divers domaines, les héritiers du doyen des gouverneurs ont pu mesurer l’apport de cette grande figure nationale à la dimension et à l’aura acquises par cette institution. Le président du CIPED, ressent une grande fierté d’avoir exaucé, durant son passage à la tête de l’Institut d’Emission, un vœu cher à son ainé, celui de loger la collection de pièces de monnaie que lui légua le grand historien Hassen Hosni Abdelwahab et qu’il préserva jalousement, dans un édifice au parti architectural digne de l’histoire trois fois millénaire de notre pays : le musée de la monnaie.
C’est lui aussi qui fut à l’origine de l’avortement du projet d’union entre la Tunisie et la Libye, évitant à son pays un saut vers l’inconnu.
HEDI Nouira est un grand réformateur et s’est attaqué courageusement à la question économique en adaptant le pragmatisme bourguibien au domaine de la croissance.
Premier Ministre, il se prononce sans complexe pour une politique économique libérale ouvrant la voie à l’initiative privée et à l’économie de marché, sort le pays des impasses idéologiques et jette les prémices de l’insertion de la Tunisie dans l’économie mondialisée, mais tout en marquant son projet, grâce à son fameux losange (peu de riches au sommet, peu de pauvres à la base et une vaste classe moyenne au cœur), par une volonté d’élargir la répartition de la richesse dans le pays.
HEDI NOUIRA est en un mot, un visionnaire qui forgera les bases de l’économie tunisienne et une figure centrale vers laquelle devraient se retourner les politiciens d’aujourd’hui, en quête d’idées et de courage politique.
Source : Centre International Hédi Nouira de Prospective et d’Etudes sur le Développement (CIPED)