Arabie Saoudite : un enfant risque la peine de mort pour avoir manifesté à bicyclette

Arrêté en 2013 en Arabie saoudite pour avoir participé deux ans plus tôt à une manifestation lorsqu’il n’avait que dix ans, Murtaja Qureiris a été condamné en août à la peine de mort. Désormais majeur, sa peine pourrait être mise en application. Amnesty International alerte sur cette possible exécution qui va à l’encontre du droit international.

Il est l’un des plus jeunes prisonniers politiques d’Arabie saoudite. Et possiblement du monde. Ce vendredi 7 juin, Amnesty International alerte sur le cas de Murtaja Qureiris, qui vient d’avoir 18 ans. Une majorité qui rend possible la mise en application de la sentence prononcée à son encontre en août dernier. A savoir la peine de mort.

Jeté dans des geôles infâmes depuis près de cinq ans, soit à l’âge de 13 ans, ce jeune saoudien chiite, dont l’innocence et les droits sacrés de l’enfance ont été violemment piétinés, a été cruellement marqué au fer rouge de la sédition. Ses crimes ? Avoir eu le tort de se mêler en 2011, du haut de ses 10 ans, à bicyclette et avec d’autres petits saoudiens, à une manifestation d’Arabes chiites dont son père était l’un des fers de lance.

Dans les images de la scène diffusées par CNN, on le voit d’abord souriant, assis sur son vélo au milieu d’un groupe de camarades de son âge. Dans d’autres, il tourne le dos à son père, lequel dans un mégaphone réclamait « des droits » pour le peuple chiite.

Si le verdict n’est tombé que récemment, ce jeune chiite a en fait été jugé pour des actions menées en 2011, lorsqu’une vague de protestations a secoué la région en plein printemps arabe. Un soulèvement sévèrement réprimé par les autorités au fil des procès. L’adolescent n’avait alors que dix ans.

Une manifestation d’enfants à bicyclette

C’est la chaîne américaine CNN qui révèle son histoire, avec des images sur lesquelles Murtaja Qureiris apparaît tout sourire face à la caméra. Visage enfantin, le jeune garçon est au premier rang d’un cortège bien original dans la province orientale de l’Arabie saoudite. Celui d’une trentaine d’enfants, tongs aux pieds et t-shirts colorés sur le dos, tous à bicyclette. Un regroupement aux airs de sortie scolaire. Sauf que dans le mégaphone, l’enfant s’exclame : « Le peuple exige des droits humains ». Habitant l’est du pays, majoritairement peuplé de musulmans chiites, une minorité dans le royaume saoudien, Murtaja Qureiris n’imaginait sûrement pas l’engrenage dans lequel il venait de tomber.