Allemagne : Annegret Kramp-Karrenbauer succède à Angela Merkel à la tête du CDU

Le parti allemand de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, conservateur) a élu vendredi 7 décembre Annegret Kramp-Karrenbauer, une fidèle d’Angela Merkel à sa tête.

Lors du congrès du mouvement organisé vendredi à Hambourg, Annegret Kramp-Karrenbauer, âgée de 56 ans, a remporté 517 voix (sur 999) contre 482 pour son rival, Friedrich Merz.

Plus tôt dans la journée, vendredi, Kramp-Karrenbauer avait appelé les délégués de la CDU à faire preuve de plus de courage et de confiance en eux-mêmes pour relever les défis du XXIe siècle, renforcer l’Union européenne et défendre un « ordre international fondé sur des règles ».

De son côté, Merz s’était illustrée par des critiques contre la politique d’Angela Merkel concernant les réfugiés.

Merkel qui était à la tête de la CDU depuis 18 ans, entend cependant garder son poste de chancelière jusqu’à la fin de son quatrième mandat fin 2021.

Portrait d’Annegret Kramp-Karrenbauer

« Mini-Merkel » ou « Merkel bis » : celle qu’Angela Merkel a choisie comme sa dauphine en la nommant secrétaire générale de la CDU au printemps dernier a dû depuis subir de la part de ses adversaires ces critiques un peu simplistes.

Annegret Kramp-Karrenbauer, ou AKK, par son style, dans la retenue et dans son côté rassembleur, rappelle sans doute l’actuelle chancelière. Mais les différences existent. Par son parcours d’abord, relate notre correspondant, Pascal Thibaut.

Après Angela Merkel, ex-Allemande de l’Est, protestante et sans enfants, c’est à nouveau une personnalité de l’Ouest, plus exactement de la Sarre à la frontière avec la France, qui reprend le flambeau. AKK, 56 ans, mariée et mère de trois enfants, vient d’une famille catholique et cette pratiquante a été marquée par la doctrine sociale de l’Église.

Cette influence s’illustre dans ses positions sur les questions sociales mais aussi sur des sujets de société comme l’avortement ou le mariage pour tous, questions sur lesquelles elle est plus conservatrice qu’Angela Merkel. C’est aussi le cas sur les questions de sécurité et de migration.

Expérimentée et pragmatique

Annegret Kramp-Karrenbauer a été la première femme en Allemagne à diriger un ministère de l’Intérieur, dans sa région. Elle a dirigé ensuite la Sarre pendant sept ans et dispose d’une longue expérience gouvernementale.

« Elle est plutôt modérée dans l’ensemble, explique Hélène Miard-Delacroix, professeur d’histoire et de civilisation de l’Allemagne contemporaine à Sorbonne Université depuis 2008. Elle a des positions assez marquées très traditionnelles pour l’Europe et pour une approche très pragmatique des problèmes. »

« Même si elle parait une créature de madame Merkel et qu’elle parait un peu novice au niveau fédéral, c’était, des candidats, celle qui avait la plus grande expérience. Ça fait vingt ans qu’elle est au Parlement de Sarre et elle a dirigé le gouvernement régional pendant de nombreuses années. Elle a su faire avec des partenaires différents avec les libéraux en grande coalition. Donc c’est quelqu’un qui a une vraie expérience de terrain et de ce point de vue n’est pas complètement une débutante. »

« Ce n’est pas une idéologue, c’est une pragmatique et elle est assez rassurante, précise l’historienne Hélène Miard-Delacroix. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été élue, c’est parce que c’est une femme sympathique. “ Elle est comme nous ” disent les gens en Sarre et ça reflète assez bien cet électorat de la CDU ».

Défis à venir

AKK, qui avait abandonné son poste au printemps pour devenir secrétaire générale, a été à la rencontre d’une base mécontente d’être trop peu écoutée. Avec le résultat serré vendredi, elle devra désormais prouver qu’elle peut réconcilier une CDU divisée. Or, la nouvelle présidente de la CDU sera, sauf accident, la prochaine candidate à la chancellerie de son parti.

Le parti chrétien-démocrate avec une campagne électorale interne avec trois candidats a repris des couleurs. Des discussions redeviennent possibles et rendent le mouvement plus attractif. La CDU est remonté ces dernières semaines dans les sondages. Le parti devra confirmer cette tendance l’an prochain avec quatre scrutins régionaux et des européennes et récupérer des électeurs séduits par l’extrême-droite.

Au-delà, Angela Merkel pourra-t-elle rester au pouvoir comme elle le souhaite jusqu’en 2021 malgré une relation cordiale avec Annegret Kramp-Karrenbauer ? Pour s’imposer lors des prochaines élections, un passage de relais en amont à la chancellerie peut être nécessaire.