Agressions sexuelles: le « frère » de Rached Ghannouchi mis devant le fait accompli

« Les islamistes sont à l’image de Tariq Ramadhane: hypocrisie, mensonge, grossièreté, perversité, vulgarité, avidité, frustration, obsession sous couvert d’une religiosité exagérée! » Ali Gannoun

Entendu ce lundi 22 octobre par des juges d’instructions, l’islamiste Tariq Ramadan a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec l’une des femmes qui l’accusent de viol. Des SMS ont été exhumés et l’auraient mis devant le fait accompli.

Un an après la première plainte contre lui, l’islamiste égypto-suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour le viol de deux femmes avec lesquelles il niait jusqu’ici tout rapport physique, a finalement reconnu ce lundi devant les juges d’instruction avoir eu avec elles des relations sexuelles «consenties», a déclaré son avocat à la sortie d’une nouvelle audition entre son client et le juge d’instruction chargé de l’enquête. Pour la quatrième fois, maître Emmanuel Marsigny a effectué une demande de remise en liberté pour Tariq Ramadan.

Il était manifestement devenu très compliqué – voire impossible – pour Tariq Ramadan , frère du gourou tunisien Rached Ghannouch , de ne pas revoir sa version concernant l’une des plaintes pour viol dont il fait l’objet et pour laquelle il est toujours en détention provisoire, suite à sa mise en examen. L’islamologue était entendu ce lundi par des juges d’instruction parisiens suite à la découverte, il y a quelques semaines, d’échanges de messages téléphoniques entre lui et Christelle, du nom d’emprunt de l’une des plaignantes.

Ces SMS, horodatés à la même période que celle dont parle Christelle dans sa plainte, le 31 août et le 15 décembre 2009 – le viol présumé est daté au 9 octobre 2009 -, mettent en lumière la très probable existence d’une relation physique, que Tariq Ramadan niait jusqu’à présent, se contentant seulement d’avouer un « jeu de séduction » entre lui et la femme qui l’accuse. L’avocat de l’islamiste  a évoqué ce lundi des relations sexuelles « consenties » entre son client et Christelle.

Ce sont environ 400 messages échangés entre le petit-fils de Hassen el-Banna , fondateur de la secte des Frères musulmans , et cette dernière dont il est question, dont le contenu assez explicite a définitivement mis à mal la version du Suisse. Des textos tels que « Alors, alors… tu viendras, tu es prête. Je devrai t’attendre en bas car il faut une carte pour monter dans l’ascenseur. A quelle heure ? » ou « J’ai senti ta gêne… désolé pour ma violence. J’ai aimé… Tu veux encore ? Pas déçue ? », qui sont venus renforcer la version de Christelle qui dénonce quant à elle, en plus du viol présumé dont elle parle, des gifles, des coups de poing ou encore de cheveux tirés.

Tariq Ramadan avait été confronté pendant dix heures le 18 septembre à une de ses accusatrices françaises, identifiée sous le prénom de Christelle. Cette femme handicapée depuis un accident de voiture accuse le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans de l’avoir violée en octobre 2009 dans sa chambre d’hôtel à Lyon.

Lors de leur confrontation, Tariq Ramadan n’avait concédé qu’un « jeu de séduction » et réaffirmé n’avoir bu qu’un verre avec cette « mythomane » au bar de l’hôtel. Il avait ensuite déposé une troisième demande de libération, rejetée depuis.

Des SMS accablants 

Selon une source proche de l’enquête, deux séries de SMS ont notamment retenu l’attention des enquêteurs : la première, le 9 octobre 2009, paraît démontrer que Tariq Ramadan a bien invité ce jour-là Christelle à le rejoindre dans sa chambre, alors qu’il affirme ne l’avoir rencontrée qu’au bar de l’hôtel. Dans une deuxième série, les 10 et 11 octobre, il lui écrit pour s’excuser de sa violence et admet, selon un de ses messages, qu’elle n’a pas aimé le traitement qu’il lui a fait subir.

En Suisse, Tariq Ramadan est également visé par une instruction pour viol, ouverte mi-septembre à Genève après la plainte d’une femme déposée en avril.

Il est actuellement détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, en raison de sa sclérose en plaques, dont le traitement a été jugé compatible avec sa détention.

Avec agences

Illustration : Tariq Ramadan reçu avec tous les honneurs par son « frère » Rached Ghannouchi au siège de la secte à Tunis