Affaire Khashoggi : Moscou et Washington pas sur la même longueur d’onde

Ce vendredi, le Kremlin a affirmé ne pas voir de « raison de ne pas croire » l’Arabie saoudite qui nie son implication dans l’affaire Khashoggi.

Le Kremlin a assuré vendredi 26 octobre ne pas voir de « raison de ne pas croire » la famille royale d’Arabie saoudite qui a nié son implication dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Entretien téléphonique

Cette déclaration intervient au lendemain d’un entretien téléphonique entre le président russe Vladimir Poutine et le roi Salmane d’Arabie saoudite, au cours duquel les deux dirigeants « ont évoqué l’affaire Khashoggi » selon un communiqué de la présidence russe.

Interrogé vendredi par un journaliste pour savoir si le Kremlin croit que la famille royale n’a rien à voir avec le meurtre de Jamal Khashoggi le 2 octobre dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé la question « inappropriée ».

« Il y a une déclaration officielle du roi, il y a une déclaration officielle du prince héritier (Mohammed ben Salmane, ndlr), et personne ne doit avoir de raison de ne pas y croire », a-t-il souligné.

Assassiné le 2 octobre

Jamal Khashoggi, journaliste et opposant saoudien, a été tué le 2 octobre dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul. Selon des responsables turcs, il a été victime d’un assassinat, soigneusement planifié et perpétré par une équipe d’agents venus de Ryad.

Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, avaient avancé plusieurs versions. Elles ont évoqué d’abord une « rixe » ayant mal tourné, puis une opération « non autorisée » et dont le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l’homme fort du royaume, n’avait « pas été informé ».

Mercredi, le prince héritier a pris la parole pour la première fois sur l’affaire, qualifiant d' »incident hideux » et « douloureux » le meurtre du journaliste.

Le président américain Donald Trump, après avoir qualifié au début de « crédible » la version des Saoudiens, a ensuite évoqué « des mensonges », jugeant que « leurs histoires partent dans tous les sens ».

Erdogan cherche le commanditaire 

Sans prendre de gants, le Président Recep Tayyip Erdogan exige de Riyad l’identité du commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et l’extradition vers la Turquie des 18 personnes arrêtées dans cette affaire en Arabie saoudite.

Lors d’une rencontre, ce 26 octobre, avec le président des différentes sections du Parti de la Justice et du développement, à Ankara, le Président Recep Tayyip Erdogan a demandé à l’Arabie saoudite de divulguer l’identité du commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et l’emplacement du cadavre de la victime, selon l’agence de presse officielle turque Anadolu.

«Qui a donné l’ordre [d’assassiner Jamal Khashoggi, ndlr] et qui est le collaborateur local [qui a réceptionné le corps de la victime, ndlr]? Vous devez divulguer son identité», a déclaré le chef de l’État turc en ajoutant que «l’assassinat de Khashoggi est évident, où est le corps? Vous devez le montrer».

Évoquant l’appel des autorités saoudiennes pour la mise en place d’une équipe d’enquête conjointe, le responsable turc a souligné que «si vous désirez vraiment dissiper le flou, sachez que les 18 personnes arrêtées [dans cette affaire, ndlr] sont le point central de notre coopération bilatérale». «Et si vous ne pouvez pas les amener à avouer tout ce qui s’est passé, vous n’avez qu’à nous les livrer pour les juger [en Turquie, ndlr], puisque le crime a eu lieu au consulat saoudien d’Istanbul», a-t-il ajouté en soulignant que «les 18 prévenus connaissent les assassins de Khashoggi, car ils sont parmi eux».

Macron veut continuer à vendre ses armes

Le président français a qualifié de démagogique l’idée d’un arrêt des exportations de matériel militaire vers l’Arabie saoudite.

Le président français Emmanuel Macron a estimé vendredi 26 octobre que « c’est pure démagogie que de dire d’arrêter les ventes d’armes » à Riyad en réponse à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Les ventes d’armes n’ont « rien à voir avec M. Khashoggi, il ne faut pas tout confondre », s’est-il récrié lors d’un déplacement à Bratislava, en Slovaquie, avant de plaider en cas de sanctions pour « une réponse européenne, dans tous les domaines » mais « une fois les faits établis ».
« Je suis très admiratif envers ceux qui, avant de savoir, disent “on ne vendra plus d’armes”. Ils en vendent déjà parfois plus que la France à travers les joint-ventures qu’ils ont », a lancé le président français, alors que l’Allemagne a appelé les Européens à cesser leurs ventes d’armes à Riyad.

Avec agences