Madrid destitue le président indépendantiste et dissout le parlement catalan

Carte-Espagne-CatalogneLe parlement de Catalogne a adopté vendredi une résolution déclarant que la région devient un «Etat indépendant prenant la forme d’une République»

Avec 214 votes en faveur de l’adoption de l’article 155 et 47 votes contre, le Sénat espagnol a approuvé ce vendredi le train de mesures de suspension de l’autonomie de la Catalogne et la destitution du gouvernement catalan.

Le Sénat espagnol a autorisé le 27 octobre le gouvernement de Mariano Rajoy à prendre des mesures de mise sous tutelle de la Catalogne, qui comprennent notamment la destitution de ses dirigeants indépendantistes.

La proposition du gouvernement, basée sur l’article 155 de la Constitution, a été validée par 214 voix pour, 47 contre et une abstention, et sera notamment transmise au gouvernement central et à l’exécutif catalan, selon les déclarations du président du Sénat, Pio Garcia-Escudero.

En réaction, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a annoncé la destitution du président indépendantiste catalan Carles Puigdemont et de son gouvernement et dissout le parlement catalan. Il a convoqué des élections anticipées pour le 21 décembre prochain.

Quelques minutes auparavant le Parlement de Catalogne avait adopté une résolution déclarant que la région devenait un «Etat indépendant prenant la forme d’une République».

«Nous constituons la République catalane, comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social», lit-on dans le préambule de cette résolution, approuvée par 70 députés sur un total de 135 à l’issue d’un vote à bulletins secrets. Ont été comptabilisés 70 «oui», 10 «non» et deux abstentions. Auparavant, une majorité des députés de l’opposition avait quitté l’hémicycle en signe de protestation.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants indépendantistes à Barcelone, massés à l’extérieur du parc abritant le parlement catalan, ont salué par des clameurs de joie l’annonce de la proclamation d’une République catalane. Des hourras, des applaudissements et le cri «indépendance» en catalan sont montés de la foule des électeurs indépendantistes – de l’extrême gauche au centre droit – qui ont ensuite entonné avec ferveur l’hymne de la Catalogne, la plupart le poing levé.

Cette proclamation solennelle entre en vigueur vendredi, après avoir déjà été signée (mais pas votée) par les députés indépendantistes le 10 octobre. Elle avait alors été invalidée par le Tribunal constitutionnel, tout comme le référendum organisé par le gouvernement catalan le 1er octobre et toutes les mesures complémentaires.

Poursuites judiciaires

Le parquet général d’Espagne engagera la semaine prochaine une procédure judiciaire contre le président catalan Carles Puigdemont pour « rébellion », a indiqué un porte-parole du ministère public, après l’adoption vendredi au Parlement catalan d’une déclaration d’indépendance.

« Le parquet présentera une plainte la semaine prochaine pour rébellion contre Carles Puigdemont », un délit puni d’une peine de prison allant jusqu’à 30 ans, a indiqué ce porte-parole cité par l’AFP.

Cette procédure pourrait « peut-être être élargie au reste du gouvernement catalan et au bureau des présidents » de l’assemblée catalane, a indiqué cette source.

Ancien journaliste de 54 ans et indépendantiste de longue date, Carles Puigdemont avait été propulsé en janvier 2016 à la présidence de sa région du nord-est de l’Espagne, très divisée sur la question de la sécession.

Il avait alors salué par un « vive la Catalogne libre! » son investiture, en promettant de mener la région vers l’indépendance de l’Espagne en 2017.

Avec agences