Un criminel de guerre israélien à la chambre des conseillers à Rabat

CRIMINEL DE GUERRE au marocLes militants anti-normalisation avec Israël sont vent debout contre la présence au siège de la Chambre des conseillers d’Amir Pertez, considéré comme «criminel de guerre» par plusieurs associations marocaines, arabes et internationales

La venue d’Amir Peretz, ex-patron du parti travailliste et ancien ministre de la Défense israélien, a suscité de vives protestations à la Chambre de conseillers à Rabat.

La présence de l’ancien ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, fait des remous à la Chambre des conseillers. Venu avec une délégation israélienne à Rabat, il a participé le 8 octobre à une conférence organisée par l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée – instance qui a pour but d’améliorer l’environnement politique, social, économique et culturel au niveau du pourtour méditerranéen – en partenariat avec l’Organisation mondiale du commerce sur le thème « Faciliter le commerce et les investissements dans la région méditerranéenne et africaine ».

« C’est un assassin. Un criminel de guerre. Il a tué des innocents, des enfants palestiniens. Et vous voulez qu’on accepte sa présence dans le Parlement marocain?. Il n’a rien à faire ici parmi nous », criait de toutes ses forces Abdellah Oubari, syndicaliste CDT, dimanche 8 octobre.

Communiqué contre communiqué

La participation de l’ancien patron du parti travailliste israélien a été contestée par des élus du PJD, de l’Union marocaine du travail (UMT) et de la Conférence démocratique du travail (CDT). Ces derniers ont contesté dans un communiqué la visite de ce « criminel de guerre », et dénoncé « une violation de la position de la Ligue arabe qui boycotte l’État sioniste », selon notre confrère Yabiladi.

Hakim Benchamach, président de la Chambre des conseillers, s’est fendu d’un communiqué expliquant que « le bureau de la Chambre a donné son accord pour l’organisation de cette conférence lors d’une réunion le 10 juillet dernier, sans inviter explicitement la délégation israélienne ni celle d’un autre pays membre de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée », a-t-il détaillé. « Il ne nous est pas permis, en vertu du droit international et des normes diplomatiques, d’émettre un veto contre telle ou telle délégation membre, tant qu’elle adhère à l’Assemblée, ayant de surcroît le statut d’observateur à l’ONU », a-t-il ajouté.

De son côté, Abdelilah Hallouti, premier vice-président PJD de la Chambre des conseillers, nie avoir été mis au courant des détails de l’organisation d’une conférence en présence d’une délégation de la Knesset. Il explique à nos confrères d’Al Yaoum 24 qu’il était prévu que la Chambre discute le 4 octobre dernier de l’organisation de cette conférence, notamment en ce qui concerne son cahier de charges, les délégations participantes et le programme fixé. « Cette réunion a été annulée au dernier moment sans explication de la part du président ». L’élu PJD nie également avoir participé à une réunion en présence d’une délégation de la Knesset.

Une altercation à la Chambre de conseillers

En marge de la conférence de Rabat, un parlementaire PJD a interpellé Peretz, le traitant de « criminel de guerre ». « Vous étiez le ministre israélien de la Défense et vous êtes un invité indésiré ici », s’est-il emporté. Majalli Wahabi, un ancien législateur israélien, est rapidement venu à la rescousse d’Amir Peretz rappelant que ce dernier était né au Maroc, à Bejaâd plus exactement, selon le média Times of Israel.

« Vous n’avez aucun droit de l’attaquer », a-t-il ajouté, reprochant au député PJD de représenter l' »islam radical ». The Times of Israel rapporte que le président de la réunion s’est plus tard excusé auprès de Peretz. Des dizaines de manifestants ont aussi protesté dans la soirée du dimanche 8 octobre devant le parlement à Rabat contre cette visite.

L’ancien ministre israélien de la Défense s’est défendu sur Facebook. « Il est important de clarifier face aux extrémistes que nous ne baisserons jamais la tête. Nous nous battrons contre eux de toute notre force dans n’importe quelle arène où ils apparaissent. (…) Je poursuivrai les rencontres politiques avec le Parlement marocain qui nous accueille ici dans le cadre d’une conférence conjointe avec l’Organisation mondiale du commerce », a-t-il notamment écrit le soir même de l’altercation.

Reçu au Palais royal de Fès en 2006

En février 2006, Amir Peretz avait déjà effectué une visite au Maroc. Il avait été reçu par Mohammed VI au palais royal de Fès ( photo d’illustration ), malgré les protestations des organisations marocaines de défense des Palestiniens.

Alors chef du Parti travailliste depuis 2005, Amir Peretz est nommé ministre de la Défense en avril 2006 pendant la guerre du Liban, contre le Hezbollah. La même année, trois avocats marocains (Abderrahim Jamaï, Khalid Sefiani et Abderrahmane Benameur) ont déposé une plainte contre lui pour « crimes de guerre » à la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat, rappellent nos confrères de Yabiladi. « Une requête restée sans suite », concluent-ils.

Avec médias marocains