La Marche qui dénonce « les injustices » d’Erdogan est arrivée à Istanbul

la_marche_pour_la justice en turquieLe chef de l’opposition turque boucle dimanche sa « marche pour la justice », menée depuis le 15 juin d’Ankara à Istanbul pour protester contre l’incarcération d’un élu de sa formation

Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont réunies à Istanbul ce dimanche pour un meeting marquant la fin de la Marche pour la Justice. L’initiative était menée par le leader de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu pour dénoncer les injustices du régime en place.

L’opposition turque a réussi son pari : relier Ankara et Istanbul à pied, en plein état d’urgence, pour dénoncer « les injustices » du régime du président islamiste Recep Tayyip Erdogan. L’initiative a été lancée le 15 juin par le leader du parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu. Le chef du CHP voulait parcourir ces 450 kilomètres de route pour dénoncer l’arrestation de l’un de ses députés accusé d’espionnage, mais l’intiative a pris un tour plus large. Au total, entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche 9 juillet à Istanbul pour une manifestation à l’occasion de l’arrivée de cette marche.

« Que personne ne pense que cette marche est la dernière ! Le 9 juillet est une nouvelle étape, (…) une nouvelle naissance », a lancé le leader de l’opposition à la foule. L’évènement s’est déroulée sous haute protection : un cordon de militaires armés encadrait les manifestants dans leur parcours. Les soutiens se sont succédés pour parcourir quelques kilomètres avec Kemal Kiliçdaroglu. Par exemple, le groupe de musique Kardeş Türküler est venu apporter son soutien à l’initiative. Ils ont été très actifs lors des événements de Gezi en 2013.

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Retrouver la justice pour reconstruire la démocratie

Quatre ans plus tard, l’esprit de Gezi est déjà loin avec la tentative de coup d’État, les purges dans l’administration et les arrestations par milliers. Funda Başaran fait justement partie de ceux qui ont été licenciés : « Même si cette marche a été initiée par le chef du parti CHP, ce n’est pas une marche partisane pour moi, explique-t-elle. Il y a une revendication de justice de la part du peuple, et cette revendication, tôt ou tard, va forcément se réaliser. »

Le leader du CHP, Kemal Kilicdaroğlu, l’assure lui aussi : ce n’est pas un rassemblement partisan. Le chef de l’opposition à l’Assemblée nationale veut faire de cette marche un rassemblement citoyen. « Après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, la Turquie est entrée dans une nouvelle période : des milliers de professeurs ont été limogés, des journalistes sont emprisonnés et le parlement a été dépossédé de son autorité », liste le chef de file du CHP.

Après le rassemblement de dimanche soir à Istanbul, Kemal Kiliçdaroğlu évoque une deuxième mi-temps : « Notre combat pour la justice se poursuivra aussi après la marche. Nous ferons tout ce qui est nécessaire. Si des opérations de désobéissance civile dans différents secteurs de la société sont nécessaires pour obtenir justice, nous le ferons. » Le chef du vieux parti kémaliste dans la rue évoque la désobéissance civile, preuve que l’opposition politique turque a perdu ses leviers habituels de contre-pouvoirs.