Tunisie : comment se sont évaporés les millions de dollars qataris ?

sellitiC’est l’une des suites de la stratégie d’isolement du Qatar mise en œuvre par l’Arabie saoudite cette semaine: jeudi 8 juin, un porte-parole de l’armée nationale libyenne, menée par le maréchal Haftar, a lancé de graves accusations contre le Qatar. L’une d’elles concerne aussi la Tunisie, où auraient transité 8 milliards de dollars selon ce porte-parole. De l’argent destiné, dit-il, à financer des groupes terroristes. La Tunisie, restée neutre dans le conflit entre Arabie saoudite et Qatar, dit avoir déjà ouvert une enquête sur cet argent mais nuance nettement les accusations venues de l’est de la Libye.

Une grosse somme d’argent a bien été transférée depuis la Banque nationale du Qatar vers une agence de la banque publique de l’habitat à Tataouine, dans le sud de la Tunisie.

C’est ce que confirme le porte-parole du pôle judiciaire anti-terroriste, à Tunis. Pourtant, selon Sofiene Selliti, ce virement n’était pas de 8 milliards de dollars, mais de 8 millions de dinars, l’équivalent à l’époque de 3,5 millions d’euros.

Il ajoute que le pôle financier a ouvert une enquête sur ce sujet dès l’été 2015. Un juge d’instruction anti-terroriste s’est ensuite saisi du dossier à l’automne de la même année.

Selliti a en outre expliqué que l’enquête concernait un Qatari qui aurait reçu l’équivalent de 8MD sur son compte dans une agence de la BH à Tataouine.
Toujours Selon Selliti, le premier juge d’instruction près le pôle judiciaire financier avait depuis le 14 juillet 2015 pris plusieurs mesures, dont le gel des comptes bancaires ouvertes par le Qatari, la suspension de toutes ses transactions bancaires et l’envoi d’une correspondance au gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) à ce sujet.
On apprend que l’enquête a révélé que les transferts concernaient également un groupe de 4 Tunisiens qui ont été auditionnés et privé de quitter le territoire national depuis juillet 2015.

Mais selon Sofiene Selliti, aucune preuve n’indique pour l’instant que cet argent ait pu servir à financer des groupes terroristes. Il affirme que cette somme était destinée au camp de réfugiés de Choucha, à la frontière tuniso-libyenne. Un camp qui a pourtant officiellement fermé ses portes plus d’un an avant ce mystérieux virement bancaire.