Y a-t-il un juste milieu en islam ?

Amin Zaoui

Amin Zaoui

“Al-wassatiyya” ou la médiane, ou le juste milieu en islam, est un concept souvent évoqué par quelques intellectuels musulmans dits modérés afin de prendre la défense de l’islam face aux mouvements terroristes islamiques.
En réalité, ces intellectuels qui font le bon décor religieux des cérémonies officielles, par naïveté ou par opportunisme, ou les deux ensemble, utilisent ce concept du “juste milieu” pour camoufler les conflits et les divergences existant dans la religion musulmane elle-même, dans les textes comme chez les pratiquants.
Par cette naïveté ou opportunisme intellectuels, ces intellos-décor tentent absurdement de retarder l’explosion. Ou désamorcer l’indésamorciable !
Dire “al-wassatiya”, c’est avouer que l’islam détient multiples facettes, que les textes fondateurs de cette religion sont contradictoires. Sont les sujets d’une multitude de lectures.
Dire “al-wassatiya” en islam c’est avouer qu’il y a “l’extrême” dans ce même islam.
Défendre “al-wassatiya”, le juste milieu en islam, c’est admettre l’existence d’autres islams : celui des deux extrêmes, celui de la gauche et celui de la droite, celui du centre de la gauche et celui du centre de la droite.
Avouer l’existence d’un islam du juste milieu conduit à accepter l’existence d’un islam algérien, un autre égyptien, un autre saoudien, un autre indonésien, un autre africain, un autre français, un autre britannique… chaque pays, selon sa culture et son histoire, a son juste milieu, ainsi a son islam.
Quand on dit qu’il y a tout cet éventail d’islams, ceci dit qu’il y a des textes qui alimentent la vie et la présence de tous ces islams.
Certes, ces islams se basent, chacun à sa manière, sur un ensemble de textes religieux, un répertoire de références, qui diffèrent d’un islam à un autre.
Chaque islam se présente comme le centre de la religion. Chaque islam prend l’autre comme une fausse religion. Et c’est l’impasse religieuse chez les bons croyants !
Dire de l’existence d’un juste milieu ou la médiane dans l’islam c’est défendre la thèse de la possibilité d’une combinaison de la religion et de la modernité et de la philosophie du vivre-ensemble.
Et pour soutenir cette thèse, il est demandé aux intellectuels qui défendent al-wassatiya, la médiane, d’aller jusqu’au bout dans leur raisonnement religieux. D’aller dans leur courage intellectuel en proposant le répertoire de textes religieux faisant la base de cette médiane en islam.
Et défendre le juste milieu dans l’islam, c’est aussi avoir le courage intellectuel de condamner les autres textes qui font la base de l’autre islam, celui de l’extrême.
Appeler au juste milieu, c’est appeler à nettoyer et en urgence nos programmes scolaires, ceux du primaire, du collège, du lycée et des universités de tous les textes religieux qui sont contre le juste milieu.
Défendre le juste milieu, la médiane, en islam c’est ouvrir un combat intellectuel sur tous les fronts, dans les mosquées, dans les écoles et dans la société politique afin de bannir l’islam de l’extrême.
Appeler au juste milieu, c’est un acte philosophique responsable et qui demande de brûler, oui brûler tout ce qui est contraire aux droits de l’homme sur terre dans les textes religieux.
Brûler ce n’est pas un acte périlleux. Au contraire c’est un acte pour sauver l’islam du juste milieu. Et pour sauver la religion du juste milieu de al-wassatiya, il est appelé à nettoyer l’islam de tout ce qui est contraire à la raison, ce qui est contre la science, contre la femme, contre la liberté, contre l’acceptation de l’autre avec qui on se partage la vie sur cette jolie planète bleue.
Al-wassatiya est un acte critique et philosophique et pas un acte d’opportunisme intellectuel ou des discours officiels pour les fêtes de l’Aïd. Le juste milieu est un mariage entre le religieux et le rationnel, chose qui n’est pas facile. Le juste milieu n’est pas un acte sélectif, de bricolage, de ramassage ou de rapiéçage intellectuel.
Personnellement, je pense que tout ce que les musulmans ont écrit depuis quinze siècles ne dépasse pas une centaine de bons livres, les autres, qui se comptent par milliers, ne sont que répétitions, de la rhétorique et de l’anaâna. Donc le nettoyage est une urgence intellectuelle.
Et c’est aux intellectuels défenseurs du juste milieu de faire ce travail de tri et de synthèse en éliminant tout ce qui freine l’avancée des musulmans dans le temps, dans la diversité et dans l’intelligence.

Amin Zaoui