Washington et Pékin tirent les premières salves de la guerre commerciale

Les mesures protectionnistes décidées par le président américain Donald Trump provoquent une crispation des Européens, de la Chine et maintenant de la Russie. Pékin a saisi une nouvelle fois l’OMC en accusant Donald Trump de déclencher « la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique. »

Les États-Unis et la Chine ont tiré vendredi 6 juin les premières salves de la guerre commerciale qu’ils se livrent. Des taxes douanières imposées de part et d’autre sur des dizaines de milliards de dollars de marchandises entrent ainsi en vigueur, malgré les mises en garde alarmistes et la nervosité des marchés.

Les États-Unis ont commencé à percevoir 25 % de droits de douane sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises importées et Donald Trump a averti qu’à terme, plus de 500 milliards de dollars de produits chinois, soit la quasi-totalité des importations américaines en provenance de Chine, pourraient être taxées.

En 2017, les importations « made in China » aux États-Unis ont totalisé 505 milliards de dollars américains.

Pour l’instant ce sont 818 produits chinois qui sont visés, dont des voitures, des composants d’avions ou des disques durs d’ordinateurs. Les biens populaires comme les téléphones portables ou les télévisions sont épargnés, pour le moment.

Accusant Washington de déclencher « la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique », Pékin a annoncé que des mesures de rétorsion étaient entrées en vigueur « immédiatement » après.

Pékin a répliqué sur des montants identiques, soit sur 34 milliards de dollars de marchandises. « Les États-Unis ont violé les règles de l’Organisation mondiale du commerce et lancé la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique à ce jour », a déclaré le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. Saisie par Pékin, l’OMC croit qu’une escalade aurait des répercussions sur les emplois et la croissance économique.

« La Chine a promis de ne pas tirer la première. Mais pour défendre les intérêts fondamentaux du pays et de sa population, elle est contrainte à une nécessaire riposte« . Ministère chinois du Commerce

Les taxes chinoises devraient toucher des produits agricoles, dont le soya, très dépendant du marché chinois, le sorgho et le coton, ainsi que le secteur automobile ou encore des produits de la mer comme les langoustes.

La liste des produits américains visés par la Chine

Têtes de porcs, pistaches et whisky Jack Daniel’s ne sont que quelques-uns des produits visés. Les abats de porcs, boudés par une majorité d’Américains, se vendent très bien en Chine : ils ont rapporté l’an dernier 251 millions de dollars. La pistache, produit vedette de la Californie, est présente sur la liste, comme d’autres noix et fruits « made in USA ». Au total, 175 millions de dollars de pistaches et autres noix américaines sont visés. Les pattes de poulet n’ont pas beaucoup d’amateurs aux États-Unis, mais au lieu de les jeter à la poubelle, les producteurs américains les exportent en Chine, où elles sont cuisinées, assaisonnées et dégustées comme un mets de choix. Chaque mois, une moyenne de cinq conteneurs chargés de 120 tonnes de whisky Jack Daniel’s quittent les États-Unis pour la Chine. À Pékin et Shanghai, les clients des bars et boîtes de nuit consomment principalement l’eau-de-vie brute.

Au total, ce sont 50 milliards de dollars d’importations chinoises annuelles qui seront touchés par les mesures américaines destinées à compenser ce que l’administration Trump considère être le « vol » de propriété intellectuelle et de technologies.

Le second lot de taxes sur 16 milliards d’importations chinoises, qui fait pour l’heure l’objet d’un examen supplémentaire de la part du représentant au Commerce (USTR) Robert Lighthizer, entrera en vigueur « dans deux semaines », a indiqué M. Trump.

Pékin prévoit aussi frapper un total de 50 milliards de dollars d’importations américaines.

Les deux premières puissances économiques du monde ne devraient pas en rester là, puisque M. Trump a demandé à Robert Lighthizer « de déterminer 200 milliards de dollars de biens chinois en vue de taxes supplémentaires de 10 % ».

Et le président américain s’est dit prêt à taxer 200 milliards de dollars de biens additionnels si la Chine augmente à nouveau ses tarifs douaniers en réaction.

Ces mesures pourraient donc porter à 450 milliards la valeur des produits chinois taxés, soit la grande majorité des importations venues du géant asiatique.