Vulgarisons les malheurs CNAM

Essoussi Kamel

Essoussi Kamel

La médecine libérale du privé repose sur 3 principes:
1- La liberté de s’installer : J’ouvre mon cabinet où je veux
2- La liberté de prescrire: C’est moi médecin qui détiens la science infuse , donc c’est moi qui décide quant aux soins, aux radios, analyses , aux IRM , aux hospitalisations et aux interventions chirurgicales.
3- La liberté de fixer les honoraires : C’est le conseil de l’ordre qui les fixe. Ok ! Mais c’est du kif kif au même . Ce sont toujours les toubibs qui décident du prix de la consultation .
Behi! Vous me direz : Mais alors que vient faire la CNAM dans cette galère ? Me dezzech, je t’explique : Ti mahou a7na on lui verse 6,75 % de nos salaires ( tous les salaires qui circulent filbled.) pour qu’elle achète les soins quand nous tombons malades. « Frappe ton calcul  » comme dirait ma mère en bon langage tunisien du terroir pour savoir combien nous déposons en monnaie sonnante et trébuchantes frank y7okk fi frank chaque année rien que pour les fonctionnaires de l’Etat (sans tous les travailleurs du secteur privé et sans les retraités) : 16.000 milliards environ x 6,75 % = 1080 milliards auxquels il faut rajouter la part des travailleurs du privé plus les 4% des 900.000 retraités. Disons fi 9aleb baadhou comme dirait ma grand mère en bon français: chkara flouss de quelques 2500 milliards que nous réunisssons tous chaque année, que nous remettons à la CNAM pour acheter pour nous les soins dans le souk des vendeurs de soins dont chacun de nous a besoin quand il tombe malade.
Vous me répondrez mais où est le problème ? On ne voit toujours pas la relation avec les principes que vous nous avez annoncés au départ . ?
Ti mahou dès la première année les sacs d’argent se vident dès le mois de mai ou juin. C’est à dire que chkaret leflouss est vite engloutie par les médecins , les radiologues, les laborantins, les cliniques privées, les pharmaciens ……
Et alors? quelle est la solution pour maitriser tout ça?
En prenant la décision toute simple de se dire: c’est moi CNAM,( c’est à dire nous citoyens) qui ai l’argent , c’est moi qui achète, donc c’est moi qui mène la barque maintenant: Ayya khouya ,
Oh , médecins et professionnels de santé de tous bords, oh vous offreurs de soins sur la place:
بفد التحية والاكرام والاجلال والتقدير لعلمكم والله يسلم قرايتكم ومسؤولياتكم أما بعد
Libre à vous de continuer à exercer selon vos trois principes sacro saints que je respecte au passage :La liberté de s’installer où bon vous semble, votre liberté de prescrire et votre liberté d’honoraires.Mais vous devriez compredre que ce système est ruineux , budgétivore et incontrôlable. Vous me voyez désolé de vous annoncer que moi CNAM, je ne prends pas en charge vos malades sauf si vous répondez à mes conditions.
1- D’abord vous vous installez où j’ai besoin de vous. Fi goubellat où j’ai des tunisiens assurés qui cotisent , il n’ y a aucun médecin . Je ne vous empêche pas de vous installer sur les côtes, de vouloir jouir de la mer , d’éduquer vos enfants dans les écoles privées réputées , ni d’empêcher les malades aisés de venir consulter chez vous. Attention je ne vous oblige à rien et ne me taxez pas de vouloir vous ruiner . Je commence juste à penser à mes assurés patients. C’est eux le noeud gordien de tout le système .Par contre si vous voulez vous installer à Goubellat, je vous paierais les loyers de cabinet et je paierais même les salaires de votre secrétaire . Ok! ça vous va?
2- Vous ne soignez pas comme vous voulez : Il y a maintenant des références médicales pour 124 maladies établies par des sociétés scientifiques américaines admises pour tous les pays qui vous disent exactement comment traiter chaque maladie au moindre frais et avec la meilleure qualité sans acharnement thérapeutique, sans trop de radios, sans trop d’explorations souvent inutiles et qui coûtent trés cher.
3- On en en vient à votre troisième principe de la liberté de fixer vos honoraires: Ya khouya le malade dorénavant n’aura plus rien à vous payer. C’est moi CNAM qui vais vous payer directement. Attention, je ne vais pas vous payer pour votre consultation w7adha toute seule. Vous comprenez docteur que vous allez peut être avoir des envies de faire travailler votre copain pharmacien en prescrivant chkara dwa , votre ami radiologue en prescrivant des radios inutiles, votre oncle propriétaire de clinique privée en demandant un scanner qui ne se trouve que chez lui etc… Je ne paierais plus en aveugle selon ce que vous prescrirez acte par acte . Entendons nous bien , je vous paie forfaitairement en plus des frais de votre cabinet disons une somme forfaitaire de 4000 D ou 5000 D.
Je ne veux pas vous obliger mon frère, mais c’est juste pour savoir à l’avance ce que je dois payer en honoraires de chkaret leflouss qu’ont mis à ma disposition les tunisiens pour se soigner. « Je veux pêter selon mes astragales » dirait ma tante en jargon de Jabbanet el ghorba. Et attention , si vous je vous surprends entrain de favoriser votre copain pharmacien ou votre proche propriétaire de la clinique, ou encore votre cousin radiologue, je suspends mon contrat avec vous et je recrute quelqu’un d’autre.
Ne me parlez pas des hôpitaux publics , des abus des professeurs et de leurs temps aménagés etc…. Si vous privés vous acceptez mes conditions, et travaillez avec moi pour le bien et la bonne santé de nos concitoyens , je vous assure que tout ces problèmes de carte sanitaire, de complémentarité entre les deux secteurs, de l’encombrement des hôpitaux , des soins à deux vitesses, des soins coûteux pour la communauté nationale que n’arrivent plus à supporter ni le citoyen, ni le budget de l’Etat, ni les cotisations des travailleurs versés à la CNAM….tous ces problèmes disais-je disparaîtront d’eux même.
Veuillez croire , messieurs les professionnels de santé , à mon profond respect et à ma sincère intention de ne pas vous obliger à quoi que ce soit. Mais laissez moi croire à votre intention à vous de ne plus m’obliger à me conventionner avec vous avec vos conditions à vous et avec vos libertés à vous qui ne regardent absolument pas du côté de l’argent que m’a confié le contribuable dont l’accès aux soins devient de plus en plus difficile.
Signé : Citoyen mouch nabbar pour une fois cotisant parmi les 4 millions de ses compatriotes dans la chkara flouss, qui en a marre de tourner en rond à subir la bave des Abbou et des Amroussia et qui propose une solution à l’un des nombreux problèmes de ce pays qui patine à faire du surplace depuis 7 ans.

Essoussi Kamel