Trump envisage d’imposer une taxe sur les importations d’acier et d’aluminium

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi 1er mars qu’il allait imposer des taxes sur l’importation d’acier et d’aluminium – une décision qui permettra selon lui de protéger l’industrie américaine, mais dont les experts affirment qu’elle pourrait en fait nuire aux producteurs américains, et conduire à des problèmes juridiques avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont décidé d’imposer une taxe de 25% sur l’importation des produits de l’acier, et de 10% sur l’aluminium, a déclaré M. Trump à l’issue d’une rencontre avec des dirigeants d’affaires à la Maison Blanche.

Cette annonce a immédiatement eu des répercussions à Wall Street, où le Dow Jones a perdu en fin de séance plus de 500 points, soit plus de 2%.

Daniel Ikenson, chercheur émérite à l’Institut Cato, a déclaré jeudi que de telles restrictions pourraient au final nuire aux producteurs américains, car elle ne les empêcherait pas d’être exposés à la concurrence de rivaux étrangers aux coûts de production inférieurs, capables d’offrir des prix plus bas sur le marché américain.

Cette décision pourrait également entraîner des actions juridiques de la part d’autres membres de l’Organisation mondiale du commerce, et inciter d’autres pays à invoquer des motifs de sécurité nationale pour protéger leurs industries phare, selon M. Ikenson.

Réactions : Les partenaires commerciaux des Etats-Unis n’ont pas tardé à réagir aux annonces jeudi soir de Donald Trump sur sa volonté d’imposer dès la semaine prochaine de fortes taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis.

Union européenne

L’Union européenne « va réagir fermement et proportionnellement pour défendre (ses) intérêts », a rétorqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ajoutant que la Commission présenterait « dans les prochains jours une proposition de contre-mesures contre les Etats-Unis, compatibles avec les règles de l’OMC, pour rééquilibrer la situation ».

Canada

Du côté du Canada, le premier partenaire commercial de Washington, le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, a prévenu que toute éventuelle taxe douanière imposée par les Etats-Unis serait « inacceptable ». « Clairement, le Canada n’est pas l’un de ces +mauvais acteurs+ impliqués dans le commerce injuste et le dumping de l’aluminium et de l’acier vers les Etats-Unis », précise le syndicat. De son côté, le syndicat nord-américain des sidérurgistes United Steelworkers (USW), principalement actif aux Etats-Unis et au Canada, exige que les producteurs d’acier et d’aluminium canadiens soient exclus des mesures annoncées par Donald Trump.

Allemagne

L’association allemande de la sidérurgie Stahl a dénoncé « des mesures qui violent les règles de l’Organisation mondiale du commerce », exigeant l’intervention de l’Union Européenne. « Si l’Europe n’agit pas, notre sidérurgie va payer l’addition pour le protectionnisme américain », a encore prévenu, par communiqué Hans Jürgen Kerkhoff, le président de Stahl.

Royaume-Uni

« Nous avons été clairs sur le fait que nous sommes particulièrement inquiets de toute mesure qui pourrait avoir des conséquences sur l’acier du Royaume-Uni et ses industries d’aluminium », a indiqué par communiqué l’ambassade britannique à Washington, tout en assurant être en discussion avec les Américains.

Chine

« Les conséquences pour la Chine ne sont pas très importantes », a déclaré Li Xinchuang, vice-secrétaire général de l’Association chinoise du fer et de l’acier. Il a estimé qu’il n’y avait « rien à faire » après la décision américaine.

Corée du Sud

La Corée du Sud, troisième exportateur d’acier vers les États-Unis derrière le Canada et le Brésil, a annoncé qu’elle allait poursuivre le dialogue avec les responsables américains jusqu’à la finalisation des projets de Washington en matière de droits de douane.

Japon

Le ministre japonais de l’Industrie et du Commerce, Hiroshige Seko, a dit pour sa part continuer à rechercher une « clarification » de la part des Etats-Unis. « Je ne pense pas que les exportations d’acier et d’aluminium du Japon, qui est un allié des Etats-Unis, portent atteinte d’une façon ou d’une autre à la sécurité nationale des Etats-Unis et nous voudrions expliquer cela aux Etats-Unis », a-t-il dit. Le constructeur automobile Toyota a déclaré que les droits de douane relèveraient de façon importante les coûts, et donc les prix, de ses véhicules vendus aux Etats-Unis

Le FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) lance un signal d’alarme, face à la volonté de Donald Trump de taxer les importations d’acier et d’aluminium. Les mesures protectionnistes souhaitées par le président américain nuiraient à l’économie des Etats-Unis, selon l’organisation, qui s’est exprimée à ce sujet dans un communiqué, vendredi 2 mars.

« Les restrictions à l’importation annoncées par le président américain sont de nature à causer des dégâts, non seulement hors des Etats-Unis mais encore à l’économie américaine elle-même », alerte le FMI. L’organisation s’inquiète notamment pour les secteurs « manufacturier et de la construction » américains, « qui sont de gros utilisateurs d’aluminium et d’acier ».

Avec agences