Triste histoire vécue de femmes tunisiennes spoliées d’hériter

La marche d’aujourd’hui 10 mars pour l’égalité à l’héritage était réussie , je la dédie à l’âme de ma chère mère avec qui , mes sœurs et moi avions mené une bataille de 1990 à 1994 pour tenter de recouvrer notre droit à l’héritage duquel nous avons été exclues par un acte de donation rédigé par mon père au profit de mes deux frères avec un cynisme et une misogynie exceptionnels.
Car, cet acte de donation rédigé avant ma naissance et celle de ma petite sœur stipulait que seuls mes deux grands frères âgés à l’époque de 12 et de 9 ans avait le droit de bénéficier des biens de mon père après son décès ainsi que les enfants de SEXE MASCULIN qui seront nés après la date de la rédaction de l’acte !!!!!???
Ma mère bien qu’elle soit citadine, née à la médina de Sfax, fût convertie à son mariage en agricultrice et a travaillé la terre durement pour nous offrir filles et fils une vie décente et nous assurer des études convenables, n’a jamais eu droit à la propriété de la terre et c’est le cas de la quasi- totalité des femmes agricultrices en Tunisie.
Notre combat était juste car il n’y a aucune raison sauf la discrimination délibérée à notre égard prônée par mon père et défendue par mes frères avec une agressivité et une arrogance légendaires, aidés dans cette oeuvre diabolique par la justice corrompue, le ministre de la justice Sadok Chaabane qui était leur ami d’enfance, leurs femmes et la famille maternelle au sens large qui voyaient notre revendication indécente et contraire aux us et coutumes de notre société musulmane qui stipulent la soumission des femmes aux hommes fussent-elles mère et petites sœurs et de ne songer à déranger en aucun cas les frères dans ce droit absolu de s’ approprier les biens du père quoique la situation de la mère et de deux sœurs en particulier soient économiquement précaire à laquelle cet héritage aurait pu être l’adéquat remède .
J’ai lu il y a plusieurs années une étude faite par Sophie Ferchou qui relate que plus de 50 pour cent des femmes en Tunisie se trouvent exclues de leur droit à l’héritage , c’est vraiment injuste, trop injuste même, donc: basta- stop- suffit- kifaya à cette inégalité juridique et économique qui contribue davantage à l’appauvrissement des femmes et les mettent à la merci des hommes.
Cette ridicule- sacrée – demi- part à l’heritage réservée aux femmes a fini par convaincre les hommes que les femmes sont réellement inférieures aux hommes et qu’il faut les négliger et les spolier de ce droit négligeable et envoyer la meilleure constitution au monde dont nos islamistes et politiciens sont si fiers balader ??!!!
Au diable l’égalité entre citoyens et citoyennes énoncée par la constitution du 27 janvier 2014??!!!!
J’ai envie de dire encore et très haut: المساواة في الإرث حق موش مزية

Mariem Tangour