Le Maroc draine les investissements chinois pour devenir l’acteur clé du partenariat sino-africain

maroc chine coopérationLes portes du Maroc sont grandes ouvertes aux investissements chinois, qui profitent non seulement à la Chine, mais aussi au Maroc en créant de la valeur et des emplois dans le Royaume. Pour Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, « les opérateurs économiques chinois sont à la recherche de plateformes compétitives, et ils ont choisi le Maroc comme l’une de ces plateformes ». Un constat confirmé par Ningchuan Liu, directeur des investissements en Afrique du Nord au sein du Fonds de développement sino-africain, qui souligne que le Maroc est une destination de choix pour les investissements chinois.
« Nous avons fait des études sur les investissements dans la région d’Afrique du Nord et nous avons constaté que le Maroc était une destination de choix pour les investissements chinois », a indiqué M. Liu à la presse en marge du Forum sur l’investissement sino-marocain, organisé à Beijing les 18 et 19 janvier dernier.

Créé par une initiative du gouvernement chinois, le Fonds de développement sino-africain est dédié aux entreprises chinoises désireuses de s’installer en Afrique. Il encourage financièrement les entreprises chinoises performantes à développer des projets de coopération en Afrique dans les infrastructures de l’énergie, des routes, de l’hydraulique et de la télécommunication, ainsi que dans l’agriculture et les secteurs de production.

Aujourd’hui, une trentaine d’entreprises chinoises implantées au Maroc investissent 200 millions de dollars dans le Royaume. Elles travaillent pour la majorité dans les secteurs de l’informatique et de la télécommunication. C’est le cas de Huawei et de ZTE Corporation.

Les entreprises chinoises sont aussi présentes dans le domaine de la pêche côtière, notamment à travers la joint-venture China National Fisheries Corporation (CNFC), implantée dans la ville d’Agadir depuis 1988, et aussi dans le secteur des infrastructures, où de nombreux projets ont été réalisés par des opérateurs chinois.

A Rabat, l’inauguration par le Roi du Maroc en juillet 2016 du plus grand pont à haubans du continent africain, baptisé « Pont Mohammed VI », entièrement réalisé par le groupe chinois Covec-Mbec ( voir vidéo ) , a été un événement majeur dans le renforcement des relations sino-marocaines, déjà au beau fixe. D’une longueur de 950 mètres, le pont, qui traverse l’oued Bouregreg, compte deux pylônes en béton de 200m de hauteur, dont la forme s’inspire de l’architecture islamique marocaine, et un tablier portant trois voies dans chaque sens, soutenu par 20 paires de haubans sur chaque pylône.

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Beijing entend également bâtir une ville industrielle permettant de créer plus de 300.000 emplois dans la région stratégique de Tanger, dans le nord du Maroc, où le roi Mohammed VI a d’ailleurs présidé la cérémonie de présentation du projet de création de cette zone industrielle baptisée « Cité Mohammed VI Tanger Tech », qui est entièrement vouée aux industriels chinois. Selon Li Biao, président du groupe chinois Haite, qui a été associé à la construction de ce vaste chantier avec le marocain BMCE Bank, « l’investissement total des entreprises dans la région atteindra 10 milliards de dollars d’ici dix ans ». Ce nouveau projet, soutenu par l’industrie de fabrication de pointe et l’industrie moderne de services, devrait attirer 200 entreprises chinoises opérant dans la construction automobile, l’industrie aéronautique, les pièces de rechange d’aviation, l’information électronique, le textile et la fabrication de machines, entre autres. Le premier coup de pioche de ce grand chantier sera donné dans le courant du premier semestre de cette année. L’objectif est de préparer le terrain pour que les entreprises chinoises puissent plus facilement s’implanter dans le Maroc et en Afrique.

Le Maroc a tout à gagner en captant une partie des investissements directs étrangers chinois destinés à l’Afrique.

Le Maroc, acteur clé du partenariat sino-africain

Le Maroc est appelé à jouer un rôle de premier ordre dans la promotion du partenariat de plus en plus équitable et profitable entre la Chine et le continent africain. Le pays représente un pont naturel et une plateforme appropriée pour l’intensification des relations d’investissement et d’échanges entre la Chine et l’Afrique.
Grâce à son positionnement géostratégique, le Maroc est une destination privilégiée, en faisant une plateforme pour les investissements, les exportations et les activités offshoring. En effet, le Maroc permet aux investisseurs chinois d’avoir un accès préférentiel aux marchés de 55 pays (soit 1,2 milliard de consommateurs), avec lesquels le Maroc a conclu des accords de libre-échange (notamment les pays de l’UE, les Etats-Unis et les pays arabes). La Chine propose aussi de conclure un accord de libre-échange avec le Maroc, car elle considère le Maroc comme une porte d’entrée vers l’Afrique et peut également bénéficier de sa proximité avec l’Europe.

Portée par le roi Mohammed VI, la politique africaine du Maroc constitue un avantage de taille pour les partenaires chinois. En Afrique, la Chine est depuis 2009 le premier partenaire commercial, le deuxième du monde arabe et le premier partenaire commercial de neuf pays arabes. Pour le monde arabe, la Chine est le 7e partenaire commercial, et surtout le premier partenaire énergétique, mais aussi un grand marché de travaux publics et une destination importante d’investissements à l’étranger. Ces dernières années, la coopération sino-arabe dans les secteurs émergents, tels que la finance, l’aérospatiale et les nouvelles énergies, a également connu un développement vigoureux. De même, la croissance de l’économie chinoise et le renforcement du potentiel de ses entreprises créent des conditions favorables aux investissements à l’étranger, surtout en Afrique et dans les pays arabes.

Réputé pour ses importantes relations avec les pays de l’Afrique subsaharienne, le Maroc constitue ainsi un élément clé de cette éventuelle coopération triangulaire et stratégique gagnant-gagnant Chine-Maroc-Afrique. Surtout, lorsqu’on sait que le pays asiatique n’est pas fortement présent en Afrique francophone. En effet, le Maroc offre des possibilités aux entreprises chinoises pour réaliser des grands projets d’infrastructures, aussi bien dans le cadre de concessions BOT (Build – Operate and Transfer), que dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). Ces projets concernent les infrastructures portuaires, ferroviaires, autoroutières et aéroportuaires.

Quatrième destination des investissements directs étrangers (IDE) sur le continent, première destination en Afrique du Nord pour les IDE entrants, premier investisseur en Afrique francophone, le Maroc dispose aussi de plusieurs atouts qui lui permettent d’être le moteur d’une dynamique régionale, notamment des infrastructures aux standards internationaux (zones franches, port de Tanger Med, autoroutes…), des mesures incitatives à l’investissement, ainsi que la présence de ses banques en Afrique. Dans ce sens, le partenariat tripartite Maroc-Chine-Afrique commence à trouver sa voie à travers la finalisation, avec la Banque centrale de Chine, d’un accord d’échange dirham-yuan de 15 milliards de dirhams (10 milliards de yuans).

Il s’agit d’une initiative de la Banque centrale chinoise, selon le gouverneur de Bank Al Maghrib (Banque centrale du Maroc). L’objectif est de faciliter les opérations commerciales, et même d’investissement, entre les opérateurs marocains et chinois. Ce projet s’est concrétisé après l’inauguration en mars 2016 d’une représentation de la Banque de Chine dans le centre financier de Casablanca (CFC). La création de ce bureau à vocation africaine, qui opère sous le statut CFC, vise à accompagner et à soutenir la stratégie de développement des entreprises chinoises en Afrique. Dans cette perspective, le groupe chinois Haite a convenu, avec Morocco-China International et le groupe marocain BMCE Bank of Africa, de la création d’un fonds d’investissement sino-marocain d’une taille cible d’un milliard de dollars. De même, l’équipementier chinois en télécommunications Huawei installe son nouveau siège pour la région Afrique francophone à Casablanca.

La Chine veut faire du Maroc une base de développement en direction de l’Afrique, avec en premier lieu la réalisation d’une cité industrielle près de Tanger (nord du Maroc). Elle prévoit d’y développer des activités industrielles et commerciales dans des secteurs clés, comme le textile, l’automobile ou l’aéronautique.

Source : french.cri.cn