Les prix du pétrole continuent leur dégringolade

Le Brent recule de 2,88% à 26,60 dollars vers 17h20, et le WTI chute de 5,76%, à 23,08 dollars.

Les prix du pétrole reculaient jeudi, après trois séances consécutives de hausse, empêtrés dans un marché où l’offre d’or noir est surabondante et la demande au point mort.

Vers 16H20 GMT (17H20 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 26,60 dollars à Londres, en baisse de 2,88% par rapport à la clôture de mercredi.

A New York, le baril américain de WTI pour mai perdait 5,76%, à 23,08 dollars.

Depuis le début de l’année, les deux indices de référence ont perdu 60% de leur valeur.

«Les cours semblent comme bloqués dans une fourchette, les investisseurs attendant la suite», a estimé Edward Moya, de Oanda.

«Les prix du pétrole prennent un peu de recul par rapport à l’enthousiasme des jours précédents», avait constaté plus tôt dans la journée Magnus Nysveen, de Rystad Energy.

«Après avoir tenté un rebond dans la matinée, le pétrole reste coincé sous l’effet d’une offre non seulement excédentaire mais surabondante», avait quant à lui expliqué Carlo Alberto De Casa, d’Activtrades.

Deux des trois principaux producteurs mondiaux, la Russie et l’Arabie saoudite, sont engagés dans une guerre des prix après l’échec des négociations entre membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et alliés pour réguler l’offre d’or noir au début du mois à Vienne.

Dans le même temps, l’économie mondiale tourne au ralenti et plus de 3 milliards de personnes sont désormais confinées pour tenter de contenir une épidémie qui a déjà causé la mort de près de 22.000 personnes.

«Le marché du pétrole balance entre les espoirs d’une trêve dans la guerre des prix et le risque d’un déséquilibre colossal en faveur de l’offre», a analysé Eugen Weinberg, de Commerzbank.

«Les États-Unis tentent de persuader l’Arabie saoudite de mettre fin à la guerre des prix», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a en effet appelé mardi l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, à «rassurer les marchés énergétiques et financiers» face à la crise économique mondiale qui se profile.

Dans un entretien au téléphone avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, le secrétaire d’Etat a estimé que Ryad, «en tant que président du G20» cette année «et important leader énergétique», avait «une réelle occasion de se montrer à la hauteur des enjeux», alors que le cours du pétrole a fortement chuté, a indiqué mercredi la diplomatie américaine dans un communiqué.

La chute des prix du pétrole risque d’être fatale pour les producteurs à coûts élevés

L’un des premiers acteurs de la gestion active de fonds en Europe , M&G , juge que l’environnement représente un bon point d’entrée pour les investisseurs qui souhaitent acheter des sociétés productrices de pétrole à bas prix capables de traverser la période actuelle de prix bas et d’attendre que le marché atteigne un nouvel équilibre de prix plus élevés. Pour Randeep Somel, la pression sur le prix du pétrole va rester à la baisse à moyen terme.

Il en veut pour preuve que si l’Arabie saoudite veut imposer une discipline à plus long terme, elle doit montrer qu’elle est déterminée à faire face aux nouvelles menaces qui pèsent sur l’approvisionnement.  » L’offre à coût élevé, tel que le schiste américain, devra être retirée définitivement du marché pour que celui-ci retrouve son équilibre, ce qui pourrait prendre jusqu’à un an « , précise-t-il.

A plus long terme, le gestionnaire d’actifs juge que le passage à l’électrification constitue une menace pour la demande de pétrole. Environ deux tiers de la demande sont utilisés pour le transport. Les sources d’énergie renouvelables (éolienne, solaire) ou encore l’hydrogène produit de façon renouvelable associé à une meilleure capacité de stockage d’énergie (à savoir les batteries au lithium) vont continuer à concurrencer le pétrole comme principal carburant pour les transports.

La législation ne sera pas non plus favorable au pétrole et les entreprises Royal Dutch Shell, BP et Total ont toutes récemment acheté des sociétés de recharge de batteries de voitures. Celles-ci constatent clairement que l’industrie se tourne vers les véhicules électriques à batterie et veulent pour autant rester des acteurs incontournables.

 » La chute du prix du pétrole risque donc d’être fatale pour les producteurs dont les coûts sont élevés, contraints alors de devoir sortir définitivement du marché « , conclut Randeep Somel.

Avec agences