Le FMI avertit : la Tunisie doit maîtriser sa masse salariale

Le Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds Monétaire International (FMI), Jihad Azour, a averti le gouvernement tunisien quant aux graves problèmes d’endettement s’il ne maîtrise pas la masse salariale de ses fonctionnaires, rapporte l’agence Reuters.

Lors d’un entretien à Dubaï à l’occasion de la publication du Rapport annuel du FMI sur les prévisions économiques dans la région Moyen-Orient et Asie Centrale, le responsable du FMI a déclaré que « la Tunisie doit maîtriser sa masse salariale dans le secteur public afin d’éviter de graves problèmes d’endettement ».

“La Tunisie doit maîtriser sa masse salariale dans le secteur public afin d’éviter de graves problèmes d’endettement” prévient Jihed Azour, un haut responsable du Fonds monétaire international à l’Agence Reuters.

Selon Azour, le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds, le gouvernement tunisien doit garder le contrôle des dépenses actuelles et de la masse salariale. “Cela leur permettra d’atteindre les objectifs budgétaires qu’ils se sont fixés pour 2019, tout en réduisant les pressions supplémentaires que l’augmentation des dépenses exercera sur les contribuables” confie-t-il à Reuters.

D’autant plus qu’une étude récente du FMI avait montré que la masse salariale dans le secteur public tunisien était déjà parmi les plus élevées au monde, par rapport à la taille de l’économie du pays.

Cette déclaration intervient quelques semaines après la conclusion d’un accord entre le gouvernement et l’UGTT sur les augmentations des salaires dans le secteur public au titre des années 2017-2018-2019. « Il est très important que le gouvernement garde le contrôle des dépenses actuelles et de la masse salariale. Cela leur permettra d’atteindre les objectifs budgétaires qu’ils se sont fixés pour 2019, tout en réduisant les pressions supplémentaires que les dépenses croissantes exerceront sur les contribuables », a déclaré M. Azour.

Pour le responsable du FMI, “la Tunisie devrait mener une politique budgétaire très conservatrice qui lui permettrait de réduire progressivement son déficit budgétaire à des niveaux acceptables pour l’économie”.

D’après le FMI, le gouvernement avait courbé l’échine dans ce dossier et a accepté d’augmenter les salaires de ses employés sous la pression de l’organisation syndicale.

“En fait, à la fin du mois dernier, le syndicat tunisien UGTT a annulé la grève des travailleurs du secteur public à l’échelle nationale après que le gouvernement ait accepté d’augmenter les salaires et de ne pas vendre les entreprises publiques. Le gouvernement subit toujours des pressions pour augmenter les salaires d’environ 650 000 employés de l’État, car les syndicats ont menacé de déclencher une grève nationale ce mois-ci si leurs revendications ne sont pas satisfaites”, regrette le responsable.

Selon Azour, le gouvernement tunisien est entre l’enclume et le marteau. “Il était important que la Tunisie lutte contre l’inflation et maintienne un niveau adéquat de réserves de change, mais il a également reconnu que le gouvernement était confronté à une tâche complexe pour trouver un équilibre entre de nombreuses demandes, notamment investir pour résoudre les problèmes sociaux et améliorer l’environnement des entreprises” estime-t-il.

Pour rappel, le 28 septembre 2018, le Conseil d’administration du FMI a achevé le quatrième examen du programme économique de la Tunisie, appuyé par un accord au titre du mécanisme de financement élargi (FEP).

Le Conseil a décidé de débloquer une nouvelle tranche de prêt d’une valeur de 247 millions de dollars (environ 695 millions de dinars), portant le total des décaissements à environ 1,4 milliard de dollars (près de 3,94 milliards de dinars) sur les 2,9 milliards de dollars prévus dans le cadre du FEP.

Avec agences