Le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, « a détourné au profit de son frère un projet d’élevage de poissons présenté par un citoyen »

Nous reprenons pour nos lecteurs cet article publié par le magazine Jeune Afrique le 27 février 2013 sous le titre :  « Tunisie : ces nahdhaouis qui ont dit non » , pour rafraîchir la mémoire et donner une idée du Habib Jemli , choisi par la secte islamiste Ennahdha et chargé par le président de le république Kaïs Saïd ( Echa3b Yourid)  , ce vendredi 15 novembre 2019 , pour former le prochain gouvernement .L’histoire est raconté par une ancienne nahdhaouie , Fattouma Atia , qui a claqué la porte au nez de R.Ghannouchi ulcérée des dérives de la secte , de son chef et de plusieurs de ses membres dont Habib Jemli comme échantillon

Ulcérés par toute une série de dérives et par l’ambition dévorante de Rached Ghannouchi, ils ont claqué la porte du parti islamiste Ennahdha.

Sous la figure tutélaire de son père spirituel, Rached Ghannouchi, Ennahdha semblait avoir plusieurs visages. On devinait les contradictions internes du mouvement que l’on pensait tiraillé entre un extrême philo-salafiste et un centre prodémocrate, ou pratiquant opportunément un double langage pour balayer le spectre sociopolitique le plus large possible. Mais le bras de fer entre Hamadi Jebali, Premier ministre et secrétaire général du parti, et Ghannouchi, son président, a révélé une lutte intestine pour l’autorité et des conflits de personnalité qui dépassent le débat d’idées et la stratégie politique.

Le 9 février, la démission de Jebali de son poste à la tête d’Ennahdha était annoncée sur la page Facebook du mouvement, avant d’être rapidement effacée. Le chef du gouvernement d’alors a lui-même immédiatement démenti l’information, laquelle n’en a pas moins paru plausible. Militants, cadres et même cofondateurs du parti ont en effet régulièrement fait défection, dénonçant dans le même mouvement les pratiques internes du parti et ses agissements politiques. Décrivant ce qu’ils ont vécu de l’intérieur, les dissidents ont dévoilé l’inquiétante anatomie d’un mouvement aux usages fort peu démocratiques, parfois très éloignés de la morale islamique, et dont les méthodes rappellent à bien des égards celles du régime déchu.

Intrigues

Dernière en date à avoir claqué la porte, au début de février, la députée Fattouma Attia. Entre les calculs politiques des élus et les intrigues pour la conquête du pouvoir, la réalité d’un parti à la « discipline de fer » lui est apparue en complète contradiction avec les idéaux proclamés. « Ennahdha ne veut pas combattre la corruption. Elle doit se retirer et dégager. Le parti a d’autres ambitions que la réalisation des attentes du peuple. » Accusation plus grave : des personnalités du parti ne seraient pas plus vertueuses que les membres du clan déchu des Ben Ali : « Le secrétaire d’État de l’Agriculture ( Habib Jemli ) , par exemple, a détourné au profit de son frère un projet d’élevage de poissons à Zarzis présenté par un citoyen. » Tromper plus longtemps les électeurs qui lui avaient donné leur confiance ne lui était plus supportable. Et elle-même s’est sentie flouée par Ghannouchi : « Ses idées ne sont pas rassurantes, surtout en ce qui concerne les salafistes […]. C’est à se demander s’il n’est pas aussi salafiste qu’eux, ou alors, peut-être veut-il les utiliser à des fins électoralistes. »