France : Les Restos du cœur assument le refus d’une bénévole parce que voilée

Selon le Collectif contre l’islamophobie en France, une femme voilée a été exclue de l’équipe des bénévoles des Restos du Cœur de Toulon en raison de son voile. L’association créée par Coluche justifie cette exclusion en invoquant sa charte.

Les Restos du cœur ont exclu une bénévole parce qu’elle portait un voile islamique. Ils affirment que leur charte impose «la neutralité politique, syndicale ou religieuse». Le Collectif contre l’islamophobie en France évoque une «discrimination».

Les Restos du cœur assument. Interpellé par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) pour avoir refusé le bénévolat d’une femme voilée, les Restos du cœur répondent , le 26 novembre, par le biais du site Check News de Libération : «Notre charte d’engagement des bénévoles précise notre exigence de neutralité politique, syndicale ou religieuse. Nous n’acceptons pas de signes religieux ostentatoires parmi les bénévoles. Cela ne vaut évidemment pas pour les personnes que l’on accueille dans les centres, qui peuvent venir comme elles l’entendent.»

La direction de la communication de l’association argumente : «Les bénévoles viennent de façon volontaire et adhèrent donc tout aussi volontairement à nos règles. Par conséquent, pour les bénévoles, aucun signe ostensible d’appartenance à un mouvement religieux ou à une formation politique ne peut être affiché pendant l’activité de l’association et dans les locaux où se trouvent d’autres bénévoles ou des personnes accueillies.»

CCIF : «L’islamophobie touche toutes les sphères de la vie des femmes musulmanes»

La veille, le CCIF avait communiqué le 25 novembre en dénonçant une «discrimination» et une marque d’«islamophobie» : «Les discriminations islamophobes ferment des portes dans le monde du travail aux femmes musulmanes. C’est aussi vrai dans le monde associatif. C’est dire à quel point l’islamophobie touche toutes les sphères de la vie des femmes musulmanes.» Pour le CCIF, une telle pratique «discrédite fortement [le] message principal [des Restos du cœur] qui est d’aider toute personne dans le besoin et de consolider les liens de solidarité entre des personnes d’horizons divers».

Le CCIF a pu compter sur l’appui de l’élu de Saint-Denis, Madjid Messaoudene : «Les Restos du cœur confirment refuser les bénévoles ayant des signes religieux ostensibles. Sur le terrain, ça vise en majorité les femmes musulmanes portant le foulard. Cette charte est problématique et des personnes se détourneront de l’association.»

Pour le journal « Libération », une source interne des Restos du cœur explique que «parfois, on trouve des compromis avec certaines bénévoles, avec des turbans discrets».