Dinar : la descente aux enfers risque fort de continuer

Ezzeddine Saïdane

Ezzeddine Saïdane

Le violent glissement du dinar tunisien, annoncé par notre journal il y’a dix jours et confirmé par la ministre des finances Lamia Zribi, risque bien de s’aggraver et la descente aux enfers de continuer .

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a fini par intervenir sur le marché des changes mardi matin, 25 avril 2017, en injectant l’équivalent d’environ 150 millions de dinars tunisien (MDT) en devises. Cette injection est la première depuis la fameuse déclaration de la ministre des Finances, Lamia Zribi, le Lundi 17 avril 2017.

Entre-temps, la BCT n’a même pas publié un communiqué pour tenter de calmer le marché qui a vécu la semaine la plus folle et la plus irrationnelle depuis sa naissance un 1er mars 1984.

Cette intervention coûte cher à la BCT (et donc au pays). Elle s’est faite sur les maigres réserves de change de la BCT (et donc du pays).

Cette crise sans précédent, qui s’est poursuivie jusqu’à hier, a largement profité aux banques, et notamment celles qui ont su gérer leurs positions de change. Elle a, en effet, permis aux banques de gagner beaucoup d’argent sur le dos de la BCT (oui, je dis bien sur le dos de la BCT), et sur le dos des entreprises et des particuliers (et donc sur le dos de l’économie).

Mais ce n’est pas fini ! D’autres évolutions négatives sont à craindre. Nous en citerons les plus importantes à nos yeux.

1- Les résultats du commerce extérieur du mois d’avril vont être aussi mauvais que ceux du premier trimestre de cette année.

2- Les réserves de change de la BCT baissent à vue d’oeil.

3- L’outil de production est empêché de fonctionner à plein régime dans plusieurs secteurs.

4- Aucun programme de sauvetage de l’économie et des finances publiques ne semble émerger.

Ce qui est vraiment dommage, et qui relève à mon avis d’une très mauvaise gestion des affaires de la Tunisie, est que ce violent glissement du dinar, qui est en fait une dévaluation non annoncée, n’est pas accompagné d’autres mesures. Il s’agit de ce qu’on appelle les mesures d’accompagnement visant à faire en sorte que les effets positifs de la correction à la baisse de la valeur du dinar dépassent les nombreux effets négatifs.

La monnaie n’est que le reflet de ce qui se passe au niveau de l’économie. Une nouvelle vague de glissement du dinar n’est donc pas exclue. Il faut sauver l’économie pour sauver le dinar. Et pour sauver la Tunisie.

Ezzeddine Saïdane

Le titre : par la rédaction