Covid-19 : le premier respirateur artificiel 100% made in Algerie voit le jour

La société Global Algerian Technology vient de mettre au point un prototype opérationnel du premier respirateur artificiel de production 100% nationale, annonce le PDG de l’entreprise qui assure que cet appareil sera fourni gratuitement aux hôpitaux.

En pleine urgence sanitaire en raison du Covid-19 en Algérie, et alors que beaucoup d’hôpitaux manquent de respirateurs artificiels, la société Global Algerian Technology (GATECH) vient de relever le défi de développer un «prototype 100% algérien», annonce son PDG Ryadh Brahimi dans un reportage réalisé et publié par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) dont GATECH est membre. Une fois le produit validé et homologué par les autorités compétentes, une production massive sera lancée dans le pays afin d’équiper les hôpitaux gratuitement, précise-t-il.

En collaboration avec le CDTA (Centre de développement des techniques avancées) et le FCE, M.Brahimi indique que «l’idée de ce projet est apparue depuis que tous les pays se sont retrouvés dans une situation de pénurie drastique de respirateurs artificiels». Ainsi, «des chercheurs de l’Université d’Aïn Témouchent , des réanimateurs, des spécialistes de la diaspora algérienne, nous ont aidé à réaliser ce premier prototype 100% algérien», explique-t-il.

En phase de validation

Le patron de GATECH, également président de la commission relation entreprise-université pour la recherche et le développement du FCE, informe que l’appareil fera bientôt l’objet d’une validation et d’une homologation auprès des autorités sanitaires du pays. Une fois le produit agréé, GATECH lancera «la production en mode industriel pour livrer gratuitement et dans les plus brefs délais ce respirateur aux hôpitaux sur tout le territoire national», souligne-t-il.
Par ailleurs, le FCE a annoncé la mobilisation de tous les acteurs économiques et leurs moyens industriels, matériels, humains et financiers pour démarrer la production de l’appareil.

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« Nous avons pris l’initiative de développer un respirateur artificiel 100% algérien. Aujourd’hui, il est prêt à être industrialisé mais il doit d’abord faire l’objet d’une validation auprès des autorités sanitaires et industrielles », a expliqué Brahimi à la même source.

Cette initiative intervient dans un contexte de propagation du coronavirus qui a imposé à plusieurs pays l’interdiction d’exporter ce type d’équipement médical nécessaire pour la prise en charge des malades atteints de cette épidémie.

En effet, l’équipe Recherche et Développement (R&D) de cette société a été mobilisé pour la réalisation de ce prototype depuis le 16 mars dernier avec la coordination du FCE et en partenariat avec le Centre de Développement des Technologies Avancées (CDTA), l’Université de Ain Témouchent ainsi que les différents ministères concernés.

Plusieurs personnes ont contribué également à cette démarche notamment des universitaires, une dizaine de réanimateurs et des Algériens de la diaspora, a noté Brahimi.

« C’est un prototype qui aujourd’hui ne réunit pas, bien évidemment, tous ce qu’un modèle commercial contiendrait, mais qui obéit à cette situation dans laquelle nous retrouvons et qui permettra de gérer des cas d’urgence, des cas moins urgents et même les personnes en réanimation », a-t-il souligné.

Il s’agit d’un modèle en volume contrôlé avec deux modes opératoires : « Les médecins réanimateurs agiront comme sur un modèle classique avec les mêmes paramètres à savoir le ton plateau, la fréquence, le temps d’insufflation », explique Brahimi.

Mais avant de passer à l’industrialisation, ce modèle doit être validé et homologué par les organismes officiels concernés. A ce titre, une réunion est prévue dimanche prochain au niveau du ministère de l’Industrie et des mines, selon le premier responsable de Gatech.

Ce respirateur artificiel sera ensuite produit en mode industriel pour être livré « dans les meilleurs délais » dans tous les hôpitaux et l’ensemble des Algériens qui ont besoin de cet équipement sur le territoire national, et ce, de manière « complètement gratuite », affirme-t-il.

Le ministre de la Recherche sonne la mobilisation générale

Afin de répondre rapidement aux besoins des hôpitaux en ces temps de crise sanitaire et financière à laquelle fait face l’Algérie en raison de la chute du prix du pétrole, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Chems Eddine Chitour appelle l’ensemble des enseignants et des chercheurs à «se mobiliser pour mettre la ressource intellectuelle et de recherche au service de la lutte contre» le Covid-19.
Dans un message publié sur sa page Facebook, M.Chitour affirme qu’«en ces heures difficiles de la vie de la nation confrontée à une baisse drastique de ses revenus pétroliers, mais surtout à un danger implacable qu’est le coronavirus», une action multiforme est nécessaire: «c’est d’abord la fabrication de produits nettoyants (gels), de masques, mais aussi de respirateurs, voire de dispositifs permettant à des malades d’être pris en charge en même temps», détaille-t-il.

Par ailleurs, il demande aux chercheurs et aux étudiant de se rendre disponibles, «pour ce que vous pourrez apporter comme aide aux hôpitaux», conclut-il.

Les chiffres du ministre de la Santé

Lors de sa visite d’inspection à la ville de Tipaza mercredi 18 mars, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid a affirmé que l’Algérie disposait de 2.500 appareils de respiration artificielle pour la prise en charge des cas compliqués nécessitant une réanimation, rapporte l’agence officielle Algérie Presse Service (APS).

Il a ajouté que 2.699 lits de réanimation et 2.500 autres appareils d’anesthésie et de respiration artificielle étaient également disponibles, en plus de 220 cliniques privées disposant de trois à quatre lits de réanimation.