Accord Erdogan/Sarraj : Le gouvernement de Tobrouk le rejette l’UE demande des éclaircissements

L’accord de sécurité entre la Turquie et le gouvernement de consensus national en Libye pourrait avoir des conséquences dangereuses, a estimé dans un entretien accordé à l’agence russe Sputnik le chef du gouvernement provisoire libyen siégeant à Tobrouk, Abdullah Al-Thinni.

N’importe quel accord peut être signé par le Conseil présidentiel de la Libye et non par le seul président du Conseil, a déclaré à Sputnik Abdullah Al-Thinni, chef du gouvernement provisoire libyen siégeant à Tobrouk, commentant l’accord de sécurité signé entre la Turquie et le gouvernement de consensus national.

«L’accord de sécurité entre la Turquie et le gouvernement de consensus national est nul du point de vue de la loi et de la Constitution», a expliqué à Sputnik Abdullah Al-Thinni, chef du gouvernement provisoire libyen, établi à Tobrouk.
Et d’ajouter que ce document aurait dû être approuvé par le seul parlement légitime, qui siège à Tobrouk.

«Le chef du gouvernement [de consensus national, ndlr] n’est pas habilité à signer un accord sans l’aval du parlement», a souligné M. Al-Thinni, ajoutant que la majorité des tribus libyennes étaient opposées à cet accord.
Pour lui, si cet accord est réalisé, les conséquences pourraient être dangereuses sur le plan juridique, ce document n’ayant aucune force contraignante.

«Le point 8 des Accords de Skhirat, signés en 2015, stipule explicitement que tout accord ne peut être signé que par le Conseil présidentiel de la Libye et non par le président du Conseil, à lui seul», a rappelé le chef du gouvernement provisoire du parlement de Tobrouk.
Selon ce dernier, tous les contrats signés avec la Turquie avant 2011 ont été suspendus dans les parties est et ouest de la Libye, entrainant la fermeture de toutes les entreprises turques sur ces territoires.

«Quoi qu’il en soit, nous saluons l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations avec la Turquie si elle entend effectivement coopérer avec un pays indépendant et ne se propose pas de s’ingérer dans la politique libyenne. Mais si la Turquie se décide d’avoir le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Libye et d’attise les contradictions entre diverses parties de la population libyenne, en se comportant comme l’Empire ottoman, l’ensemble du peuple libyen s’y opposera», a prévenu Abdullah Al-Thinni.

L’Europe demande des éclaircissements sur le contenu de l’accord

L’Union européenne a demandé des éclaircissements sur le contenu du mémorandum d’accord sur la définition des zones d’influence maritimes, signé le 27 novembre entre la Turquie et le gouvernement d’entente nationale de la Libye.

C’est ce qu’a annoncé, mercredi 4 décembre, le Bureau du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell.

« Le contenu de l’accord signé entre les deux parties doit être clarifié et nous espérons que l’UE recevra une copie du mémorandum sans délai », indique le communiqué.

L’Union européenne a souligné la nécessité de respecter le droit maritime international et les relations de bon voisinage, et a réaffirmé sa totale solidarité avec la Grèce et l’administration de la République de Chypre concernant l’évolution de la situation en Méditerranée orientale.

Le 27 novembre, le président Recep Tayyip Erdogan, a signé deux protocoles d’accord avec Fayez al-Sarraj, président du conseil présidentiel du « gouvernement d’entente nationale » libyen, internationalement reconnu.

Les mémorandums concernent la sécurité et la coopération militaire entre Ankara et Tripoli, ainsi que la définition des zones d’influence maritimes, en vue de protéger les droits des deux pays découlant du droit international.

Sputnik et anadolu