Touche pas à mon juif

bochra belhaj hmidaArticle publié depuis plus de dix ans ;il reste actuel pour dire à Monsieur Ferid Beji ( ci-haut ) : BASTA

Je sais à quel point il est difficile dans la conjoncture actuelle d’avoir les idées claires, de ne pas faire tous les amalgames. Mais essayons ensemble, malgré les crimes de Sharon, malgré la complicité des Etats-Unis, malgré la lâcheté
de nos Etats, de ne pas nous tromper de combat. Essayons parce que nous, militants et militantes des Droits humains, nous sommes différents, nos rêves ne sont pas les leurs, nous n’avons pas les mêmes références. Nous luttons pour un monde meilleur dans lequel nul ne peut être inquiété à cause de sa race, sa religion, son sexe, son ethnie, ses idées…
Il est impardonnable qu’on approuve par la parole ou par le silence toute atteinte à nos concitoyens juifs, à leurs biens ou à leurs lieux de culte. Nous sommes appelés à jouer pleinement notre rôle pour qu’ils se sentent en sécurité. Nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas être au courant qu’ils vivent dans la terreur. Les appels à l’assassinat des Juifs dans chaque pays arabe leur sont parvenus, mais ils n’ont pas entendu les autres voix, celles qui ne font pas l’amalgame entre les Juifs et les sionistes, entre une guerre de libération et une guerre de religions. Ces voix qui sont partout dans le monde mais qui ont du mal à se faire entendre
parce qu’aujourd’hui il semble que seuls la haine, le racisme et la xénophobie ont droit de cité.
Mais n’est-ce pas contre ces maux que nous luttons et que nous crions haut et fort pour que cesse toute forme de racisme et de discrimination, quel qu’en soit l’auteur ou la victime.
Alors, aux Juifs tunisiens n’ont pas quitté la Tunisie malgré les tentations et les pressions, je dis tout simplement : ici c’est votre pays et personne n’est plus Tunisien que vous.
A tous et toutes celles qui essayent de justifier ou d’expliquer le racisme contre les Juifs, je dis tout simplement c’est trop facile d’être avec la foule, de surenchérir sur la cause palestinienne ; c’est facile de fermer les yeux sur les atteintes aux Droits humains au nom de la  » situation exceptionnelle « , au nom des priorités, au nom des atrocités, au nom des injustices. Il est certes difficile d’être à contre-courant, d’oser dire que rien ne justifie le racisme, que les valeurs universelles sont inaliénables et de se sentir seul face à une opinion publique quasi unanime et une élite méconnaissable. Mais n’est-ce pas là le combat que nous avons choisi de mener ? Un combat difficile, long, souvent solitaire mais combien noble !
Alors secouons-nous tant qu’il est encore temps ! Rappelons que nous n’avons pas le droit à l’erreur, que nous paierons cher toute concession sur les Droits humains et sur les valeurs universelles car ces droits ne souffrent aucune exception.
Bien au contraire, ils sont plus exigibles et nous sommes plus crédibles quand nous revendiquons leur respect dans les circonstances les plus difficiles, et également pour nos adversaires et nos ennemis.
Si nous décidons de nous taire face à la montée du racisme, si nous acceptons que soient scandés des slogans non seulement racistes mais parfois même sanguinaires, cela veut dire que ce n’est pas nous qui allons  » changer le monde, mais c’est lui qui nous a déjà changés « .

Bochra Bel Haj Hmida