Tunisie : BTA ou planche à billets, c’est kifkif !

Mustapha STAMBOULI

Mustapha STAMBOULI

Le refinancement des banques par la banque centrale en 2010 était de l’ordre de 0,5 Milliard de DT, alors qu’il est en 2017 de l’ordre de 9,6 Milliards DT, soit une augmentation de 18 fois en l’espace de 7 ans. Est-ce normal ce dérapage ? Quelles sont les conséquences de cette forte création monétaire sur l’économie tunisienne et surtout sur la parité de la monnaie nationale ? En tout cas, l’impact direct de cette création monétaire est l’inflation galopante estimée à 11% et la dépréciation du dinar par rapport aux principales devises de l’ordre de 12% annuellement.

Comment explique-t-on cette demande de refinancement de la part des banques ? Est-ce le retrait massif des agents économiques de leurs avoirs dans les banques ou les besoins croissants de l’Etat en monnaie pour boucler le budget de l’Etat ? Certainement les deux à la fois, mais la deuxième hypothèse est prépondérante. Les banques tunisiennes sont devenues des institutions rentières. Elles vivent essentiellement des BTA (bons du Trésor assimilables). En effet, l’Etat tunisien émet des BTA avec un taux de 7,5% et plus et la banque centrale finance les banques à 4,5%. Un différentiel qui rapporte gros pour ces banques rentières 270 millions de DT par an. Un simple jeu d’écriture salvateur pour des banques qui auraient fait faillite par l’absence d’activité économique.
il faut retenir que l’indépendance de la BCT nous coûte cher, trop cher, plus de 500 millions de DT/an, l’équivalent d’une importante centrale solaire . En effet, la BCT n’a plus le droit de prêter de l’agent à l’Etat. Elle le fait indirectement à travers le système bancaire. Le FMI sait ce qu’il fait …

Si Ezzeddine Saidane , homme raisonnable, pondéré et surtout responsable, lance un cri de détresse. Nous devons réagir avant qu’il ne soit trop tard. Nous sommes menacés par une banqueroute intégrale, ce qui va permettre aux « Amis de la Tunisie » pour réaliser leur projet régional en Afrique du Nord.

Cette politique de planche à billets arrange-t-elle le gourou et ses amis ? L’effondrement de l’économie tunisienne aura pour corollaire la disparition de l’Etat et de ses institutions, ce qui va permettre à la horde jihadiste d’agir en toute impunité pour déstabiliser notre voisin de l’Ouest. L’institution militaire doit réagir à ces manipulations grotesques.

Il est temps de revoir la loi organisant la Banque Centrale. Elle est dangereuse pouvant causer un surendettement interne de l’Etat en plus de son endettement extérieur non soutenable. Il faudra revenir à la loi 50-58 qui a été abrogée par Ben Ali en 2006. Cette loi permettait au Trésor public d’être financé par la BCT à concurrence de 10% des recettes de l’année en cours. C’est inévitable de revenir au pragmatisme de l’Ere Bourguibienne !

Mustapha STAMBOULI

Auparavant Conseiller Technique Principal au PNUD

Illustration par la rédaction : Christine Lagarde ( FMI ) et Chedly Ayari ( BCT )