Tabou à l’école !…Je vais oser en parler

Je vais oser parler d’un sujet considéré par beaucoup comme tabou mais qui détruit l’avenir de centaines de filles tunisiennes malgré la simplicité de la mise en oeuvre de solutions.
Il s’agit de la menstruation des jeunes filles en fin de primaire ou début du collège dans les zones défavorisées, ou plutôt son impact sur leur vie à l’école. J’ai eu des échos d’une surveillante dans un internat de filles dans un village, confrontée à ce problème quotidiennement et qui se retrouve désemparée face aux jeunes filles elles mêmes complètement déboussolées devant un phénomène auquel elles n’ont pas été psychologiquement préparées et contre lequel elles n’ont pas de moyens matériels pour se protéger.

Une amie m’a dit qu’à l’occasion d’une visite à certaines écoles rurales dans un cadre associatif, elle avait noté que le nombre de filles chutait drastiquement en 6ème primaire par rapport aux autres classes.
Si on fait le lien entre les deux témoignages, le constat est sans appel: beaucoup d’adolescentes arrêtent leurs études très tôt à cause d’une puberté mal encadrée dans un milieu pauvre!
Moi même j’ai du mal à croire ce que j’écris tellement c’est énorme.
Deux autres facteurs augmentent encore plus la misère de la situation: la quasi absence de toilettes propres et d’eau courante dans la majorité des écoles des régions défavorisées, et une culture archaïque qui préfère cacher ces filles jusqu’à leur trouver un mari au lieu de privilégier un parcours scolaire qui peut lui garantir une vie digne et honorable.

Le pire dans ce problème à mon sens, c’est que la solution est d’une simplicité déconcertante: il suffit d’une demi journée de sensibilisation à l’école en présence des mères et d’un budget dérisoire ou d’une aide en nature par école afin de permettre à ces filles de continuer dignement leurs études.
Je pense qu’il est temps de redéfinir les limites des tabous dans notre société, car certains finissent tout bêtement par nous tuer… ou tuer notre humanité.

Rim Kalaï-Jemai