Dieu n’habite pas La Mecque !

Ne frappez pas trop fort à la porte ; Allah n’habite pas La Mecque.

Au moment où les partis politiques islamistes vivent l’échec politique total en Algérie, perdent les dernières traces d’un visage jadis religieusement angélique ! De plus en plus, se diabolisent. La société, quand à elle : la rue, l’entreprise, l’université, l’école, la presse, la langue, le vestimentaire… est totalement islamisée ou presque.
Les partis islamiques, qui hier drainaient les foules coléreuses, chutent dans leur popularité politique, perdent leur crédibilité divine, mais, de l’autre côté, les autres partis dits nationalistes, démocratiques, laïques, socialistes, marxistes, travaillistes… tous ces partis sont devenus islamisés ou presque ! Quelques poches de résistance sont encore là ! Quelques groupuscules d’intellectuels, de temps en temps, lèvent la voix ou la plume contre cette hégémonie sociale pesante et dangereuse, contre cette mascarade partisane religieuse ! Une société islamisée comme la nôtre, sans culture islamique et sans encadrement politique est une menace contre l’ordre public.
Une menace imprévue contre tout projet de société qui s’inscrit dans le développement, dans la modernité et dans la diversité. Dans le rêve. Dans l’optimisme.
Quand je dis une société islamisée, cela signifie que la plupart des idées et des valeurs véhiculées et adoptées par les gens vivant dans cette société viennent de l’idéologie daechienne.
Oui, il faut l’avouer : nous constatons une daechisation claire et nette de notre société. Cette monstrueuse daechisation se manifeste dans le rapport à la femme caractérisé par la violence, la marginalisation et la chosification. Cette daechisation s’exprime dans le rapport au travail caractérisé par la paresse, le non-respect à la ponctualité et la triche.
Cette daechisation se montre dans le rapport à la gestion de la cité qui se caractérise par la saleté et le chaos urbain.
Une société islamisée sans culture, sans encadrement politique est prête à basculer, à n’importe quel moment, dans la violence aveugle et dans le djihadisme suicidaire.
L’esprit de Daech habite les têtes et l’imaginaire individuel et collectif. Un comportement collectif d’aventurisme, au bord du suicide.
Les Algériens, Maghrébins en général, ont un islam naïf ou violent. Une violence native de la naïveté. Et cette naïveté religieuse islamique maghrébine se nourrit de notre rapport au sacré. Comment l’Algérien, le Maghrébin en général, réagit-t-il devant le sacré ? Parce qu’ils sont géographiquement loin de La Mecque, les Algériens et les Maghrébins en général, considèrent que tout ce qui leur parvient de cette terre sacralisée, est par conséquent sacré, lui aussi. Ainsi, les chapelets misbaha bon marché fabriqués en Chine, par des mains bouddhistes ou communistes ou athées, sont sacrées, parce qu’elles viennent de la terre que le Prophète a foulée ! Les qamis tissés et cousus en Turquie, les fils laïcs de Mustapha Atatürk, sont sacrés, porteurs de la baraka, tout simplement parce qu’ils sont achetés d’un souk de la ville du Prophète, La Mecque.
Les encens fabriqués en Inde, par les mains génies des adorateurs de la vache sainte, sont sacrés parce qu’ils sont importés dans le bagage d’un pèlerin qui les a achetés à Médine ville où repose le Prophète !
Le sacré se sacralise un peu plus, quelques doses de plus, aux yeux des croyants situés sur les bords, les religieux des marges. Le fait de se trouver loin du lieu du sacré, cela ajoute au degré de la naïveté en vidant le sacré de son historicité.
Les croyants, les Algériens et les Maghrébins en général, emportés par la naïveté religieuse, pris par la propagande salafiste, imaginent que tous ceux qui habitent cette terre où le Prophète a vécu, tous ceux qui vivent sur cette terre de la révélation, sont parfaits, sont propres, sont anges et ils sont les porte-parole du Prophète…
Dieu n’habite pas La Mecque ; Il habite les cœurs pleins d’amour et d’adoration !

Amin Zaoui