Littérature enfantine : sang, épées et têtes coupées

En consultant quelques dizaines de livres, disponibles sur le marché culturel algérien, destinés aux enfants, de 6 à 16 ans, que j’ai découvert la cata ! En les lisant, j’ai été comme frappé par le trauma.
Des livres de contes, des nouvelles, un amas d’écrits appelé, soit disant, honteusement, littérature pour enfant !! Un dégoût !
Des livres de littérature religieuse, plutôt dite religieuse, proposée à nos enfants dont le contenu est scandaleux. Des contes qui relatent des histoires d’horreur. Et tout cela est présenté sous la bannière des guerres saintes. Des histoires pleines de sang et de haine. Des illustrations où les images sont moches et écœurantes. Sur les photos on ne voit que d’épées, toutes sortes d’épées. Des couteaux ensanglantés ! Des têtes coupées ! Des femmes voilées comme violées.
Des histoires torturantes, là où l’homme fort-croyant n’est que celui qui tue le plus grand nombre de ses opposés religieux.
Entre les mains de nos enfants, ces livres déguisés en contes historiques et pédagogiques, représentent un parfait mode d’emploi pour produire et reproduire des terroristes, des assassins, des voleurs ou des violeurs.
Dans ces livres, dont la majorité est piratée, la religion musulmane n’est qu’une idéologie faite de la colère et de la haine. Où les hommes sont hystériques. Où toutes les autres religions sont ennemies et à anéantir. Où tous ceux qui nous sont différents représentent l’impie et le mécréant. Et par conséquence, il nous est demandé de leur déclarer la guerre sainte.
Dans ces livres, la guerre est un pique-nique. La guerre est un jeu. Le sang humain n’est qu’un liquide rouge banal. Si toutes les guerres qu’a connu l’humanité, sans exception aucune, nous enseignent qu’elles sont productrices de souffrances, de malheurs et de désastres, dans ces livres pour enfants, les guerres avec tout ce qu’elles véhiculent de sang, de larmes, de plaies, sont porteuses de joies, de fiertés et d’honneurs.
Avec ces livres, on n’apprend pas à nos enfants l’amour de l’autre, ni l’art de vivre ensemble, ni le sens de comprendre l’autre, ni l’opportunité de discuter avec l’autre. Ni comment se partager le ciel et la terre avec l’autre différent. On lui apprend de vivre la peur de l’autre. Par ces livres, dits littérature pour enfant, on fait apprendre aux enfants la guerre tout en bannissant le parfum de l’amour. Une culture, n’importe quelle culture, qui n’aime pas l’autre est une culture en voie d’extinction. Le peuple qui ne se voit pas dans le miroir de l’autre est un peuple aveugle. Son miroir est fêlé.
Sans des enfants qui savent jouer, rire, sourire on ne pourra jamais construire une culture ou une nation du demain.
Nous sommes un peuple qui hypocritement cache tout sentiment d’amour ou d’affection et entretient, en contrepartie, une culture là où la mort et la haine prendront le dessus.

Amin Zaoui