La sexualité dans la société arabo-musulmane: tabou, obsession, honte et honneur

Pourquoi la sexualité s’est transformée, dans l’imaginaire arabo-musulman, en un fantasme démesuré ? Pourquoi la mentalité arabo-musulmane se comporte-t-elle avec prudence, soif et retenue dès qu’il s’agit de la chose “sexualité” dans l’art, dans l’éducation ou dans la vie quotidienne ? L’arabo-musulman cultive et entretient, depuis son enfance, un état d’esprit brouillé et un discours ambigu dès qu’il s’agit de la chose “sexualité”. La sexualité demeure un complexe psychosocial refoulé et chronique chez le musulman en général, de la naissance jusqu’à la mort. La sexualité est une obscurité, un trouble !

La société arabo-musulmane, dans son intégralité, intellectuels comme simples citoyens, voit en la sexualité la “honte”. La sexualité est aussi le synonyme de “l’honneur” viril ou le “déshonneur” absolu ! Le crime d’honneur est légalisé, canonisé ou toléré par la société arabo-musulmane. Des histoires dites “crimes d’honneur” qui donnent la chair de poule, sont vécues et admises de Marrakech jusqu’à Bassora !

La dernière est celle d’un médecin palestinien qui débarque à Gaza venant spécialement de Montréal pour assassiner sa sœur parce qu’elle a osé poster sur les réseaux sociaux sa photo au côté de son petit ami ! Le citoyen arabo-musulman est allergique à l’amour. Dans sa tête, l’amour est souvent lié à la sexualité maudite. De ce fait, la société arabo-musulmane tolère la haine et la violence comme culture et condamne l’amour et l’affection entre un homme et une femme.

Et parce que la sexualité est une hallucination, une sorte de phobie individuelle et communautaire, les arabo-musulmans condamnent la mixité dans les écoles. À leurs yeux, la mixité est le chemin ouvert vers une sexualité hors charia ! Toute mixité est immorale. Et malgré toute cette technologie qui envahit la société arabo-musulmane, le rapport à la sexualité n’a pas changé ou peu.

L’éducation sexuelle passe toujours par des canaux culturels traditionnels usant des méthodes archaïques et d’un discours flou, hypocrite et fataliste. Paradoxe ! Bien que la sexualité reste un tabou, d’après des statistiques fiables, la société arabo-musulmane est la plus grande consommatrice des films pornographiques et toute autre culture de la chair humaine !

Dans les programmes de l’école arabo-musulmane, l’éducation sexuelle est bannie. Silence ! Et face à ce vide éducatif, les enfants et les ados sont exposés, en permanence, à tous les risques socio-sanitaires et idéologiques. Et ce qui est dégoûtant, infect, ces soi-disant parlementaires arabes sont préoccupés par la promulgation des lois légiférant le mariage des enfants-filles et condamnant l’éducation sexuelle dans les écoles et les lycées.

Il y a de cela deux ans, quand le Parlement algérien se préparait pour un débat autour de la nécessité de l’introduction de “l’éducation sexuelle” dans le programme scolaire, la force obscurantiste conservatrice a hurlé sur tous les toits, condamnant un tel acte. Ceux qui font obstacle et dressent des barrières devant l’enseignement de la sexualité dans nos écoles, oublient que les faqihs d’antan, les éclairés parmi eux, ne trouvaient aucune gêne de parler aux adeptes de ce domaine.

Et notre patrimoine littéraire et jurisprudentiel est plein de textes traitant la sexualité avec beaucoup de détail et d’explication sans nuance aucune. Mais aujourd’hui, ces féqihs et littérateurs qui ont écrit sur la sexualité à l’image des Jahiz, Nafzaoui, Sayouti, Ibn Daoud, Chatibi, Hamed al-Ghazali, et qui étaient audacieux à leur époque, ne sont plus d’actualité. Leurs livres, leurs idées, sont dépassés. Et l’éducation sexuelle doit être prise en charge par des spécialistes en la matière, en l’occurrence les médecins, les aides-médicaux, les psychiatres, les philosophes…afin de libérer la nouvelle génération de ce complexe socioculturel.

Les régimes politiques arabo-musulmans ne cessent de censurer toute création littéraire ou cinématographique évoquant la sexualité, mais, en même temps, tolèrent les charlatans et les religieux de détailler cette sensible problématique ! Dans la société arabo-musulmane, seul le feqih et le charlatan sont autorisés à parler de la sexualité, à la télévision, dans les mosquées, en conférence et ailleurs.

Le risque dans la sexualité, c’est que cette dernière se transforme en une marchandise au lieu d’être une expression de liberté et de la dignité du corps humain. En l’absence d’une prise en charge scientifique et culturelle planifiée de la chose “éducation sexuelle”, cette dernière demeurera une obsession. Et dans une société obsessionnelle, la femme s’installe, dans l’imaginaire arabo-musulman, comme une proie harcelée dans la rue, dans son domicile et dans l’entreprise.

Amin Zaoui