La France expulse enfin l’imam salafiste algérien El Hadi Doudi

L’imam salafiste marseillais El Hadi Doudi, accusé de prêches haineux et extrémistes, a été expulsé ce vendredi matin vers l’Algérie.

La France a finalement expulsé vers l’Algérie l’imam salafiste El Hadi Doudi en raison des prêches radicaux qu’il faisait à Marseille. Après avoir suspendu une première demande, la Cour européenne des droits de l’Homme a finalement donné son feu vert, jeudi 19 avril.
Selon l’AFP , l’influent imam salafiste marseillais, El Hadi Doudi, accusé par le ministre de l’Intérieur de prêches haineux et extrémistes, a fini par être expulsé ce vendredi 20 avril dans la matinée, vers son pays, l’Algérie.

Arrivé en France en 1981, père de sept enfants, El Hadi Doudi était considéré comme une « référence » du salafisme en France, notamment sur internet. La police marseillaise s’inquiétait de son influence radicale sur les fidèles. Dans un article que lui a consacré le New York Times début avril, il expliquait : « Bien sur que je savais qu’ils m’écoutaient […] La reation que j’entretenais avec la population et les autorités a toujours été claire et correcte […] Soudainement, ils disent que le salafisme est un danger pour la France », s’indignait-il.

Le religieux, placé en centre de rétention administratif, était sous le coup d’un arrêté d’expulsion pris à son encontre mardi mais son application avait été aussitôt suspendue par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à la demande de son avocat.

Me Nabil Boudi avait invoqué le risque que son client subisse des tortures ou « traitements inhumains ou dégradants » s’il était renvoyé vers l’Algérie.

La Cour européenne avait alors accordé au gouvernement français un délai de 72 heures « afin de rassembler les informations complémentaires nécessaires à une prise de décision éclairée ». Après examen des informations fournies par les parties, la CEDH a décidé d’autoriser l’expulsion d’El Hadi Doudi.

Mosquée fermée pendant six mois

L’imam âgé de 63 ans était dans le viseur de la police marseillaise, qui le considérait comme une « référence » du salafisme en France, notamment sur Internet et s’inquiétait de son influence.

Dans sa demande d’expulsion, le ministère de l’Intérieur mentionnait notamment des « actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes », en l’occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l’adultère.

Dans son avis positif à cette demande d’expulsion, le 8 mars, une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais avait relevé que « l’analyse de l’idéologie propagée par M. Doudi […] démontre que l’autre est nié dans sa singularité et son humanité ». Cet autre « est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République », poursuivait la commission.

La mosquée où prêchait El Hadi Doudi, l’une des cinq plus vastes de Marseille, avait été fermée fin 2017 par la préfecture de police. La fermeture de ce lieu de culte, situé au cœur de la cité phocéenne, avait été entérinée par le Conseil d’État le 31 janvier.

Les juifs présentés comme « les frères des singes et des porcs »

En 2017, la préfécture avait été alertée sur la teneur des sermons prononcés par El Hadi Doudi par une note blanche des services de renseignements. Ces derniers surveillaient les discours de l’imam depuis 2013.

Dans ses prêches, El Hadi Doudi appelait notamment « à la défaite et à la destruction des mécréants », incitant « à l’application de la loi du talion à l’encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète Mahomet et à l’égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion ».

La préfecture évoquait aussi des propos présentant les juifs « comme des ‘impurs’, ‘les frères des singes et des porcs' ». D’après les autorités, El Hadi Doudi avait même incité ses fidèles « à prononcer la formule ‘Allah akbar’ dans les lieux publics pour ‘effrayer les mécréants' ».

Le deuxième imam expulsé en moins d’un mois

Le New York Times rappelait qu’El Hadi Doudi avait admis avoir été un disciple d’Oussama Ben Laden et d’Ali Belhadj, un leader islamiste algérien emprisonné de l’autre côté de la Méditerranée. Aujourd’hui, il estime n’avoir rien à voir avec ces « extrémistes » : « Dans nos sermons, nous nous opposons à eux », assurait-il.

La semaine dernière, Emmanuel Macron s’était montré intransigeant vis-à-vis de l’islam radical. « Il y a des mosquées où on ne respecte pas les lois de la République, celles-ci seront fermées », avait-il dit face à Jean-Pierre Pernault sur TF1, rappelant qu’en plus de la mosquée As-Sounna de Marseille, deux autres lieux de culte avaient été fermés cette année, à Sartrouville et Aix-en-Provence.

L’expulsion d’El Hadi Doudi intervient moins d’un mois après celle de l’imam suppléant de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne), Mohammed Tlaghi, fin mars. Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait précisé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre « jamais atteint auparavant », selon lui

Avec agences